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Comment lire la sourate du pèlerinage ?

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3008 2012/12/13 2024/04/20

Au nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, l’infiniment Miséricordieux

 

Allah (gloire à Lui) a fait descendre dans son livre saint deux sourates qui expliquent aux gens comment s’accomplit le pèlerinage vers son temple sacré. Ces deux sourates sont la sourate du pèlerinage et la sourate de la vache.

Concernant la sourate de la vache, qui a été révélée après celle du pèlerinage, elle est une sourate où prédominent les ordres et les interdits d’Allah [actes extérieurs]. C’est pourquoi cette sourate insiste sur les paroles du pèlerinage, ses actes, ses règles qui le régissent pour qu’il soit complet, ses interdits, ses expiations, etc. De même, on remarquera que cette sourate débute par la mention de la période fixée du pèlerinage [les mois de chawwal, Dhoul-Qi’dah et Dhoul-Hijjah] et conclue par les rappels (dhikr) qu’il convient de faire pendant les jours délimités [11, 12 et 13 Dhoul-Hijjah]. Cette sourate indique, sans insister, le rôle de la piété durant le pèlerinage pour attirer l’attention sur ce fondement important.

La sourate du pèlerinage est, quant à elle, une sourate où prédominent les actes intérieurs (actes du cœur). Les versets de cette sourate mentionnent généralement le pèlerinage du cœur : « Ni la chair des bêtes sacrifiées, ni leur sang n’atteindront Allah, mais c’est votre piété qui L’atteindra. » (Le pèlerinage, V.37) ; « Il en est ainsi ! Quiconque honore les rites sacrés d’Allah, c’est meilleur auprès de Son Seigneur. » (Le pèlerinage, V.30) ; « Il en est ainsi ! Quiconque honore les rites sacrés d’Allah, ceci fait partie de la piété. » (Le pèlerinage, V.32)

Celui qui accomplit ce que contiennent ces deux sourates comme actes du corps et du cœur aura vraisemblablement accompli tout le bien durant son pèlerinage. En revanche, celui qui néglige d’accomplir ce que contiennent ces deux sourates ou l’une d’entre elles, la récompense de son pèlerinage variera selon le degré de ses manquements.

Par ailleurs, ce que les Textes mettent en évidence est que les actes du cœur, selon s’ils sont nombreux ou pas, auront un impact plus grand dans l’agrément du pèlerinage ou son rejet que l’impact que peuvent avoir les actes du corps, selon s’ils sont nombreux ou pas. Malgré tout, les deux catégories d’actes sont conjointement indispensables, mais : « Allah a attribué une mesure à toute chose. » (Le divorce, V.3).

Parfaire l’amour du cœur éprouvé pour les rites n’a pas la même valeur que parfaire les actes recommandés du tawaf, du sa’i, des jets de pierre, etc. Écorcher l’habit du monothéisme n’est pas comme écorcher l’habit de sacralisation. Purifier son cœur de l’ostentation, de la vanité et de l’orgueil n’est pas comme purifier sa langue des futilités ou purifier son corps des impuretés ou son habit des saletés.  Malgré que tous les actes du cœur et du corps fassent partie de la religion et les effectuer est une dévotion établie par Allah. Il n’en reste pas moins que les actes du cœur sont la base de tout et les actes du corps en sont dérivés. Et entre eux, une interdépendance demeure, sauf dans la situation où les actes apparents sont bons alors que les actes du cœur sont corrompus. Quelle belle parole que celle déclamée par ce poète au sujet du chemin de chacun emprunté vers Allah :

 

Parcourir de longues distances vers Allah avec un cœur plein de bonté,

N’est pas comme parcourir ses distances sur une selle de cavaliers.

 

L’étonnante sourate

 

Successivement, une partie des grands exégètes sont d’accord pour affirmer que cette sourate est une des plus étonnantes. J’ai médité dessus plus d’un an en étudiant les exégèses des pieux ancêtres et des rigoureux savants contemporains, mais je n’ai jamais pu la qualifier en un mot si ce n’est qu’elle est « la sourate des érudits », ceux qui sont ancrés dans la science. En effet, elle se distingue par un sens profond de ses versets dont l’analyse et l’unité contextuelle restent complexes d’où les nombreuses opinions émises au sujet de la signification voulue de ses versets par les exégètes les plus émérites.

On compte parmi les distinctions de cette sourate :

  1. 1.      Aucune sourate du Coran ne réunit en son sein toutes ses règles en même temps si ce n’est la sourate du pèlerinage : des versets révélés à La Mecque et à Médine, des versets révélés la nuit et le jour, des versets révélés en voyage ou pas, des versets révélés en temps de guerre et de paix, des versets abrogés et abrogeant, des versets univoques et équivoques et des versets révélés en hiver et en été.
  2. 2.      Les compagnons ont divergé sur la question : a-t-elle été révélée à La Mecque ou à Médine ?
  3. 3.      Aucune sourate ne porte le nom d’un pilier de l’islam si ce n’est cette sourate (le Pèlerinage). De même, on ne lui connaît pas d’autre nom.
  4. 4.      Aucune sourate ne réunit en son sein deux prosternations de lecture (sajda) si ce n’est cette sourate. Al-Ismâ’ily rapporte dans son recueil que Omar (qu’Allah l’agrée) a dit : « La sourate du Pèlerinage se distingue par ses deux prosternations de lecture. »
  5. 5.      Aucune sourate de la deuxième moitié du Coran ne commence par l’interpellation : « Ô vous les hommes ! » si ce n’est cette sourate.
  6. 6.      On trouve dans le Coran une soixantaine de paraboles et aucune n’y mentionne cela : « Écoutez-la » si ce n’est pour la parabole de cette sourate.
  7. 7.      On y trouve mentionné les quatre catégories de cœurs : le cœur aveugle, le malade, le dur et le vivant celui qui est humble et serein pour Allah. Aucune sourate ne fait mention de ces quatre catégories en même temps si ce n’est dans la sourate le Pèlerinage.
  8. 8.      On y trouve un verset qui n’a délaissé aucun bien sans en faire mention : « Ô vous qui croyez ! Inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous réussissiez. » (Le pèlerinage, V.77)

Voici donc huit spécificités de cette sourate qui la distinguent des autres sourates du Coran.

 

 

Le message de la sourate

 

Le cheikh de l’islam Ibn Taymiya disait à propos du message émis par cette sourate : « Cette sourate mentionne les différentes étapes du cheminement vers Allah de sorte qu’il existe plusieurs étapes et que rien ne pourrait empêcher la poursuite de ce cheminement. » L’énoncé de ce savant concorde avec l’intitulé de la sourate qui est le haj [pèlerinage en arabe] qui signifie « se diriger vers ce qui est vénéré » ; et celui qui mérite le plus qu’on se dirige vers lui pour le vénérer c’est bien Allah l’immense, gloire à Lui. Tous les gens poursuivent ce cheminement vers Allah, Celui qui est digne de vénération pour sa majesté, sa splendeur, sa clémence et son châtiment - Le Tout-Majestueux, Celui qui est au-dessus de tous !

Cette sourate permet à la personne de connaître les repères et les jalons de son parcours vers Allah. Quelle voie doit-il emprunter ? Comment doit-il parcourir ce chemin ? Quelles provisions doit-il prendre pour ce cheminement ? De quoi doit-il se prémunir ?

Le premier repère donné par cette sourate est la politesse dans la manière de dialoguer et ceci, même avec le non-musulman. En effet, l’interpellation : « ô vous les hommes ! » est destinée aux polythéistes comme l’a affirmé Ibn Abbas. Ceci s’impose à l’esprit. Malgré les nombreuses interpellations énoncées dans le Coran, aucune dans la totalité du Coran n’énonce celle-ci : « ô vous les polythéistes ! » ou celle-ci : « ô vous qui avez fait acte de polythéisme ! ». Toutefois, seuls deux versets énoncent ces interpellations : « ô vous les incroyants ! » et « ô vous qui avez mécru ! Aujourd’hui, ne vous excusez pas ! Vous ne serez rétribués que selon ce que vous faisiez », alors que les interpellations opposées du genre « ô vous qui avez cru ! » sont plusieurs fois répétées dans le Coran ; on en dénombre quatre-vingt-neuf. En revanche, les interpellations du genre « ô vous les gens du livre ! » ou « ô vous les enfants d’Israël ! » se répètent aussi et d’autres très nombreuses. Le Coran est un discours adressé non seulement aux polythéistes, mais aussi à d’autres, et on ne trouve en son sein que cette interpellation les concernant spécifiquement : « ô vous les hommes ! ». Cette interpellation leur est bel et bien adressée comme l’a confirmée l’exégète du Coran (le compagnon Ibn Abbas, qu’Allah l’agrée).

J’ai compté dans la seule première page de cette valeureuse sourate dix repères pour celui qui souhaite emprunter le bon chemin vers son Seigneur qui sont : 1) être doux dans son discours, 2) employer un discours persuasif, 3) prendre soin des actes du cœur avant tout, 4) employer des propos inquiétants lorsqu’on parle de l’au-delà, 5) détailler ce propos, 6) mise en garde contre les érudits pédants et les beaux parleurs qui débattent faussement, ou désirent troubler leur interlocuteur, ou embellissent leur langage en usurpant la conscience des gens et en usant d’un langage rusé, habile et séduisant ; ces gens-là sont ceux qui suivent tout diable rebelle, 7) la nécessité de la certitude qui dissipe tout doute à propos de la résurrection, 8) s’appuyer sur ce qui est visible par les yeux pour prouver ce qui est visible par le cœur, 9) les preuves de la puissance d’Allah, Celui qui domine toutes ses créatures, 10) l’homme est une créature faible.

Si vous poursuivez ainsi dans cette sourate, vous trouverez d’autres étonnantes guidées et d’autres sens profonds remarquables.

 

Le pèlerin et la sourate du Pèlerinage

 

Le pèlerin a pour noble objectif d’atteindre l’antique maison et il lui faut pour cela des repères qui le guideront jusqu’à son arrivée. La sourate du pèlerinage est étincelante de repères et d’indices qui mènent le pèlerin à bon port. Haut et fort, je le dis à tout pèlerin : il est vraiment très étonnant de voir une personne s’activer pour accomplir son pèlerinage sans le voir pour autant méditer un instant la sourate du pèlerinage !!

Cette sourate englobe le parcours du pèlerin vers la maison antique par la marche et celui par le cœur. Elle réunit en son sein la réponse à l’appel d’Allah par sa langue et par son cœur. Elle réunit aussi les jets de pierre par la main et ceux par le cœur. Elle réunit enfin le sacrifice par la main et le sacrifice par la présence d’esprit.

Si tu t’interroges : comment pourrai-je faire le pèlerinage avec le cœur et le corps en même temps ? La réponse – et seul Allah sait – est que l’axe de cette étonnante sourate pivote autour de la grande révérence et la solennité. Celui qui veut accomplir son pèlerinage avec son cœur doit révérer tout ce qu’Allah a magnifié dans les versets de cette sourate. Pour cela, il devra méditer profondément et avec insistance ses versets. Il doit intensément forcer son cœur à concrétiser cette révérence, en patientant et en endurant sans cesse, des heures et des heures, des nuits entières. Il doit prolonger sa méditation et verser des larmes en réclusion pour enfin goûter à l’issue salutaire. Cette quête a trait au cœur, elle est obligatoirement longue.

 

La sourate insiste sur le grand respect de trois choses :

Premièrement : Magnifier Allah, car Il est le Seigneur et Celui que nous devons adorer. Il faut lui manifester un culte sincère en plaçant entièrement sa confiance en Lui de sorte que rien ne puisse entacher cela par un manquement ou une impureté, quels qu’ils soient. Médite donc ces versets :

« Ô vous les hommes ! Craignez votre Seigneur. Le séisme de l’Heure est une chose terrible. » (Pèlerinage, V.1)

« Afin que vous sachiez qu’Allah est la Vérité, qu’il rend la vie aux morts et qu’Il est capable de tout, » (Pèlerinage, V.6)

« Ne vois-tu pas que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi que beaucoup d’hommes ? Il y en a aussi beaucoup qui méritent le châtiment. Celui qu’Allah humilie, personne ne pourra l’honorer, car Allah fait ce qu’Il veut. » (Pèlerinage, V.18)

« Vouez un culte exclusif à Allah, ne Lui associez aucune divinité, car quiconque le fait, c’est comme s’il tombait du haut du ciel et que les oiseaux le happaient, ou que le vent le précipitait dans un abîme très profond. » (Pèlerinage, V.31)

« C’est ainsi qu’Allah est le Vrai, alors que ce qu’ils invoquent en dehors de Lui est le faux ; c’est Allah qui est le Très-Haut, le Très Grand. » (Pèlerinage, V.62)

« Ne sais-tu pas qu’Allah sait ce qu’il y a dans le ciel et sur la terre ? Tout cela est dans un Livre. C’est très facile pour Allah. Ils adorent en dehors d’Allah ce au sujet de quoi Il n’a fait descendre aucune preuve et ce dont ils n’ont aucune connaissance. Il n’y aura pas de protecteur pour les injustes. » (Pèlerinage, V.70-71)

Enfin, voici la conclusion de cette sourate où l’on trouve mentionnée une parabole surprenante : « O vous les hommes ! Une parabole vous est citée, écoutez-la donc : ceux que vous invoquez en dehors d’Allah ne sauraient même pas créer une mouche, même s’ils s’unissaient pour cela. Si la mouche leur prenait quelque chose, ils ne sauraient le lui reprendre. Le solliciteur et le sollicité sont aussi faibles l’un que l’autre ! Ils n’ont pas accordé à Allah Sa juste valeur ! Allah est certes Très Fort et Très Puissant. » (Pèlerinage, V.73-74) Le « solliciteur » comprend celui qui invoque autre qu’Allah et celui qui demande à reprendre ce que la mouche lui a dérobé. Le « sollicité » comprend ceux qui sont invoqués en dehors d’Allah et la mouche ; tous qu’ils soient anges, prophètes, rois ou autres sont faibles par rapport au Tout-Puissant et au Dominateur suprême.

Je me souviens d’une femme, lors d’un de mes pèlerinages passés, qui pénétra la foule pour se diriger vers la pierre noire. Dans la panique d’une alarmante bousculade, cette femme prit peur et cria en répétant haut et fort alors que quelques mètres la séparaient de la Kaaba : « Ô Saint Badawi ! Viens à mon secours ! Ô Saint Badawi ! Viens à mon secours ! Ô Saint Badawi ! Viens à mon secours ! » Cette femme n’a-t-elle pas lu la sourate du pèlerinage où Allah dit : « Il adore en dehors d’Allah, ce qui ne peut lui nuire, ni lui être utile. Tel est le profond égarement ! » (Pèlerinage, V.12)

D’autres personnes près de la Kaaba, sur les monticules de Safa et Marwa, à Arafat, à Mouzdalifa et Mina invoquent Allah comme pour le mettre à l’épreuve sans être certain et confiant de l’exaucement. À ces personnes nous leur exposons ces versets :

-            « Certaines personnes adorent Allah de façon instable. S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent ; mais s’il leur arrive une épreuve, ils retournent à leur mécréance, perdant ainsi les biens d’ici-bas et de l’au-delà. Voilà la perte flagrante ! » (Pèlerinage, V.11)

-            « Celui qui pense qu’Allah ne secourra pas son messager ici-bas et dans l’au-delà, qu’il attache donc une corde à son plafond, se pende, puis coupe la corde et voie si sa ruse apaisera sa rage ! » (Pèlerinage, V.15) Ceci, selon les deux explications connues à ce verset, et les deux explications se valent.

Deuxièmement : Magnifier le jour dernier. Les versets de la sourate du pèlerinage à ce sujet ébranlent à l’extrême le cœur et la poitrine :

-            Au début de la sourate, on trouve : « Le séisme de l’Heure est une chose terrible. Le jour où vous le verrez, toute nourrice oubliera ce qu’elle allaitait ; toute femelle enceinte avortera de ce qu’elle portait. Tu verras les gens comme s’ils étaient ivres, alors qu’ils ne le sont pas. Mais le châtiment d’Allah est dur. » (Pèlerinage, V.1-2)

La nourrice englobe toutes celles qui allaitent leurs petits, et qui lorsque ces derniers se saisiront du sein ou de la mamelle, leurs propres mères les lâcheront à la vue de ce jour. Gloire et pureté à toi ô Allah ! Un arbre qui ne sera jamais jugé, une mouche qui ne sera jamais questionnée, une fourmi qui ne rendra aucun compte, une chatte qui ne sera jamais exposée au paradis ou à l’enfer : pourquoi donc avorteraient-elles toutes de leurs progénitures : « toute femelle enceinte avortera de ce qu’elle portait. » ?!

-            Au milieu de la sourate on trouve : « Voici deux groupes opposés qui divergeaient au sujet de leur Seigneur : à ceux qui n’ont pas cru, on taillera des vêtements de feu, tandis que sur leurs têtes on versera de l’eau bouillante qui fera fondre l’intérieur de leur ventre et leur peau. Ils seront frappés avec des matraques en fer. » (Pèlerinage, V.19-21)

Peut-être que tu souhaites savoir pourquoi Allah a devancé le châtiment des ventres avant celui de la peau ? Les pieux ancêtres – qu’Allah les agrée - ont donné l’explication suivante : Ibn Abi Hatim rapporte d’après Assoudy qui relate : « L’ange viendra à ceux qui ont mécru en leur apportant un verre de feu qu’ils refuseront dès lors qu’il s’approchera de leurs visages. L’ange lèvera un bâton crochu avec lequel il frappera leurs têtes jusqu’à sa fracture. De là, l’ange versera son verre de feu qui atteindra leurs ventres directement en premier lieu. » C’est ainsi - qu’Allah nous préserve – que le châtiment leur arrivera plus vite dans les ventres que sur leurs peaux.

Troisièmement : magnifier les rites d’Allah et les grands piliers de la religion qui sont la prière, la zakat, le pèlerinage, la lutte, etc. En effet, plusieurs versets de cette noble sourate se répètent pour affirmer l’obligation de magnifier les rites du pèlerinage :

-            « Il en est ainsi ! Quiconque honore les rites sacrés d’Allah, ceci fait partie de la piété. » (Pèlerinage, V.32)

-            « Il en est ainsi ! Quiconque honore les rites sacrés d’Allah, c’est meilleur auprès de Son Seigneur. » (Pèlerinage, V.30)

Cette sourate montre également que cette grande révérence doit avoir pour base le cœur :

-          « Ni leur chair, ni leur sang n’atteindront Allah, mais c’est votre piété qui L’atteindra. Ainsi vous les a-t-Il soumis, afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants. » (Pèlerinage, V.37)

-          « À chaque communauté, Nous avons assigné un rite, afin qu’ils prononcent le nom d’Allah sur la bête sacrifiée qu’Il leur a attribuée. Celui que vous adorez est un Dieu Unique. Soumettez-vous donc à Lui. Et annonce une bonne nouvelle à ceux qui sont humbles. » (Pèlerinage, V.34)

 

Ce qui, le plus, constitue un obstacle au cheminement de la personne vers le Tout-Miséricordieux et au cheminement vers la glorieuse maison de ceux qui répondent à l’appel d’Allah, le fait de ne pas assez magnifier les rites d’Allah. C’est pourquoi Allah éclaircit dans cette fameuse sourate, à répétition et avec insistance, le caractère obligatoire de magnifier la mosquée sacrée, la kaaba, la pierre noire, le coin yéménite, la station d’Ibrahim, les monts Safa et Marwa, Mina, Arafat, Mouzdalifa, les stèles et le sacrifice qui ne doit être accompli que pour Allah. Magnifier cela ne veut pas dire que l’on cherche en cela la bénédiction (baraka) ou que cela peut nuire ou apporter un profit par lui-même indépendamment d’Allah, mais on doit croire que la Kaaba est la maison sacrée d’Allah et Allah a annexé la maison à Son nom pour démontrer la noblesse de ce lieu et sa grande valeur.

Allah a créé pour la maison une mosquée, et pour la mosquée un périmètre sacré et a protégé les humains, les animaux et la végétation de ce périmètre. On trouve dans les deux recueils authentiques la parole prophétique suivante : « Allah a sanctifié La Mecque le jour où il a créé les cieux et la terre. Cette terre est sanctifiée par la sanctification d’Allah et le restera jusqu’au jour de la résurrection. Son caractère sacré n’a cessé pour personne avant moi et ne cessera après moi, pour personne. Même pour moi, elle n’a perdu son caractère sacré qu’un temps donné. On ne doit pas effaroucher son gibier, arracher ses arbres épineux ni faucher ses herbes. »

De plus, Allah a protégé le périmètre sacré par des points d’entrée qu’il est interdit de dépasser pour ceux qui ont l’intention de faire le pèlerinage ou la omra sans ôter ses habits, découvrir sa tête et proclamer la talbiya, le symbole même du monothéisme sincère. Tout cela a pour but de magnifier la maison d’Allah. A cet effet, un hadith rapporté par Ahmed, entre autres, a été authentifié qui stipule : « Cette communauté ne cessera d’être dans le bien tant qu’elle magnifiera comme il se doit ce lieu sacré, s’ils ne se comportent pas ainsi, ils goûteront à la perdition. »

Les compagnons ont bien compris le sens voulu de ce verset : « « Il en est ainsi ! Quiconque honore les rites sacrés d’Allah, ceci fait partie de la piété. » (Pèlerinage, V.32). Parmi les surprenantes explications coraniques attribuées à Ibn Abbas celle-ci : « Si les gens ne prenaient plus la peine d’accomplir le pèlerinage vers cette maison, Allah auraient fait tomber le ciel sur nos têtes. » Il tira cela du verset suivant : « Allah a fait de la Kaaba, la Maison sacrée, un moyen de cohésion pour l'humanité. » (La Table Servie, V.97) Cela signifie que c’est en honorant cette maison sacrée que la concrétisation de la religion et de la vie sur terre devient possible.

Même les animaux honorent ce lieu sacré. On rapporte dans le recueil authentique d’El-Boukhari, le récit suivant de Miswar Ibn Makhrama : « Le Prophète r sortit de Médine à l’époque d’El-Hodeybiya. Il continua sa marche quand, arrivée au col d'où l'on pouvait fondre sur l'ennemi, la chamelle qu'il montait s'agenouilla. La chamelle ne bougeant pas malgré les cris des fidèles, ceux-ci s'écrièrent : El-Qaswâ est devenue rétive, El-Qaswâ est devenue rétive ! Non, répondit le Prophète, El-Qaswâ n'est pas devenue rétive, et si elle reste ainsi ce n'est pas par tempérament, mais parce qu'elle est immobilisée par celui qui a immobilisé l'éléphant, puis il ajouta : « Par celui qui tient mon âme entre ses mains, les Qoraych ne me demanderont jamais une chose qui soit de nature à honorer l'enceinte sacrée d’Allah, sans que je ne la leur accorde. » Puis il excita sa chamelle qui se releva. »

Quelle tristesse, ô Allah ! Comment des gens ne saisissent pas le caractère sacré des lieux du pèlerinage et de ses rites alors qu’une chamelle saisit cela ! Comment cela alors qu’Allah menace dans la sourate du pèlerinage : « Qu’ils sachent que quiconque cherche à y commettre injustement une impiété, Nous lui ferons goûter un châtiment douloureux. » (Pèlerinage, V.25) « Quiconque cherche à y commettre » signifie qu’Allah punira la seule mauvaise pensée ou le fait d’avoir à l’esprit de faire un mal avant même que cela ne se transforme en volonté affirmée. La construction verbale en arabe vient corroborer cela notamment par l’emploi de la particule « bi » qui présuppose que le verbe voulu est le fait de penser à faire un mal et non seulement la volonté de le faire. Cette règle grammaticale est établie par les grammairiens de Bassora dite d’inclusion d’un verbe dans un autre ou de la signification implicite causée par les particules de transition.

Si le pèlerin méditait la sourate du pèlerinage et la concrétisait corps et âme (cœur) on aurait certainement vu un pèlerinage garni de quiétude et de sérénité, couvert par la clémence et la fraternité, exhalant les senteurs des paroles de l’unicité, de la grandeur d’Allah et de la talbiya, inondant les cœurs par la crainte et les pleurs. Jamais on n’aurait pu percevoir le moindre manquement petit ou grand.

- Combien voit-on d’annulatifs de l’islam, de manquements au monothéisme et de négligences à l’égard de la prière durant le pèlerinage en la délaissant !

-  Combien voit-on d’injustices, de vols, de tromperies, de mensonges, d’insultes, de malédictions lancées, de médisances, de calomnies, de moqueries, etc., dans l’enceinte de la maison d’Allah et dans les lieux des rites !

- Combien voit-on de parties intimes dévoilées et de laxismes face aux péchés !

- Combien voit-on de gens fumer, d’ordures jetées n’importe où et de préjudices perpétrés entre pèlerins !

Tout cela est le résultat de l’irrévérence portée pour l’Immense et ses rites majestueux.

 Cher frère pèlerin ! Allah a honoré le père des prophètes Abraham en lui ordonnant de purifier et d’assainir la Maison antique de toutes souillures en rapport avec le polythéisme et les impuretés : « Et lorsque Nous avons indiqué à Abraham le lieu de la Kaaba en lui disant : « Ne M’associe aucune fausse divinité et purifie Ma Maison pour ceux qui tournent autour, ceux qui y demeurent pour M’adorer, ceux qui s’y inclinent et se prosternent. » (Pèlerinage, V.26)

N’est-il pas raisonnable de suivre les traces de notre père Abraham, l’ami intime d’Allah, en projetant de purifier tout polythéisme et toutes souillures de la Kaaba, de la mosquée sacrée, d’Arafat, de Mina, et de tous les lieux du pèlerinage ?

Voici donc une esquisse de cette fameuse et valeureuse sourate du pèlerinage, conserve-la auprès de toi durant ton pèlerinage et durant ta vie. Espère faire partie de ceux qui l’auront mise en pratique, et espère qu’elle témoigne pour nous et non contre nous. Que les éloges d’Allah et son salut soient sur celui qui le plus a honoré les rites du pèlerinage…

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