toutefois, on n’aurait peut-être pas le droit de s’étonner, de tant de barbarisme ou de sauvagerie féroce, si l’on prend en considération que c’est la mise en pratique d’un verset, un seul verset qui résume et explicite ce comportement inhumain, puisqu’il prescrit aux adeptes : « et maudit soit celui qui gardera son épée de répandre le sang. » ! ( jérémie 48 : 10 ) , dans l’édition de 1860. car ce verset aussi comme tant d’autres, passa par le fameux et traditionnel remaniement. dans 51 l’édition de la sainte bible de 1931, on trouve : « maudit soit celui qui éloigne son épée du carnage. » et dans la bible de jérusalem, 1986, on lit : « maudit qui prive de sang son épée. » et enfin, dans la nouvelle traduction de la bible, 2001, on a : « maudit celui qui prive son épée d’assez de sang. » ! d’un impératif divin, clair et net, sans la moindre ambiguïté, puisqu’il s’agit de maudire quiconque empêchera ou gardera son épée de répandre le sang, de tuer et de massacrer, le verset aboutit à cette abstraction, qui prête à plus d’une interprétation, y compris la plus anodine, car elle peut être interprétée dans le sens d’asperger son épée d’un peu de sang, et pas nécessairement d’un sang humain ! quant au combat ou à la guerre dans le nouveau testament, nul n’ignore ces deux fameux versets, selon lesquels est formulée la théorie de la paix et de la tolérance du christianisme : « quelqu’un de donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui l’autre. » (matthieu 5 : 39 ) et le second : « aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs. » (matthieu 5 : 44 ) et dans d’autres éditions, ‘’persécuteurs’’ devient ‘’maudisseurs’’. passons, puisque le changement n’est pas tellement grave ! cependant, en application, dans la réalité vécue, non pas seulement de nos jours, mais même et surtout du temps de jésus, nous trouvons une attitude diamétralement à l’opposé : lorsque le grand prêtre interrogea jésus sur ses disciples et sur sa doctrine, jésus lui répondit que c’est au grand jour qu’il a parlé, puis, intrigué ou révolté, il demanda au prêtre : « pourquoi m’interroges-tu ? » a ces mots, l’un des gardes, qui se tenait là, donna une gifle à jésus en disant : « c’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ? » et là, contrairement à la théorie qu’il prêchait, jésus, au lieu de lui tendre l’autre joue, proteste, et dit au garde : « si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » !! ( jean 18 : 19-23 ) tel qu’on le voit, pour un seul soufflet, jésus, le pacifiste, le partisan du contrôle de soi et de l’amour du prochain, une fois souffleté, n’a pas pu contenir sa colère et tendre l’autre joue, selon ses propres paroles ( mathieu 5 : 39 ) mais récrimina, bien qu’en ayant les mains liées ! ce qui nécessite un courage nettement déterminé à assumer la défense de soi, quelles que soient les circonstances, et prouve en même temps, que l’autodéfense justifie le fait de contredire sa propre philosophie. 52 l’autre exemple n’est point différent : en sortant de béthanie avec les douze, jésus eut faim. « voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque fruits, mais s’en étant approché, il ne trouva rien que des feuilles : car ce n’était pas la saison des figues. s’adressant au figuier, il lui dit : « que jamais plus personne ne mange de tes fruits ! » et ses disciples l’entendaient (marc 11 : 12-14 ) bien que ce ne fut point la saison des figues, comme précise le texte, jésus, rien que parce qu’il eut faim ou même voulant, par fantaisie, goûter une figue et n’en trouva pas, au lieu de bénir le figuier, au lieu de prier pour qu’il ait des fruits, il le maudit ! besoin exige, peut-on ajouter... un troisième exemple, toujours dans la même lignée : lors de la passion, à l’heure du combat décisif, jésus, qui avait déjà dit à ses disciples de tout laisser et de le suivre, leur dit : « mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, de même celui qui a une besace, et que celui qui n’en a pas vende son manteau pour acheter un glaive. » ! ( luc 22 : 36 ) un mot qui choque, vu l’impact de celui de ‘’tolérance’’, accumulé à travers des siècles, mais qui prouve, encore une fois, à quel point jésus a pu contredire cette tolérance, lorsqu’il devait faire face à ses détracteurs et prendre sa propre défense. bien plus, au moment du danger, c’est juste le contraire de l’attitude de concorde et de réconciliation qu’on le voit adopter, puisqu’il dit sans ambages : « je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » ( luc 12 : 49 ) et tout de suite après, au lieu de rétracter ou de modifier l’expression, il appuie et renforce ce qu’il vient d’émettre, en soulignant : « pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur terre ? non, je vous le dis, mais bien la division. désormais en effet, dans une maison de cinq personnes, on sera divisé, trois contre deux et deux contre trois : on sera divisé, père contre fils et fils contre père, mère contre sa fille et fille contre sa mère, belle-mère contre sa bru et bru contre sa belle-mère. » ( luc 12 : 51-53 ) a ce feu, jeté sur la terre avec une telle préméditation, à cette division voulue, minutieusement décrite, vient s’ajouter le thème de la haine. thème qui réduit à néant la sérénade de l’amour, de l’amour du prochain ou celle de la tolérance : « si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » ! (luc 15 : 26 ) 53 ainsi, le prétendu pacifisme messianique, du vivant même de son auteur, tourna à la division, à la bataille et au combat par le glaive, avec une haine jamais démentie ! car c’est ainsi, en fait, que le christianisme fut répandu de par la terre, et non l’islam. il suffit de passer en revu les livres d’histoire d’avant, durant ou après le moyen-âge, en passant par les inquisitions, les investitures et l’obscurantisme imposés, comme il suffit de feuilleter les livres traitant de l’histoire des missionnaires et des missions chrétiennes de par la terre, pour être pris de nausées et d’écoeurement. que ce soit les guerres entre chrétiens et païens, ou surtout, entre chrétiens et chrétiens, à partir de la déification de jésus en 325, au ier concile de nicée, le bilan n’est qu’un désastreux carnage, que rien ne peut vraiment décrire... le bilan ne révèle qu’un dénominateur commun : l’éradication d’autrui. malheureusement, on ne peut que constater, du début jusqu’à la fin, combien l’histoire de l’occident est surchargée de meurtres et de vandalismes, combien elle est submergée de sangs et de complots. mais l’occident paraît oublieux de ses sources chrétiennes, de ses structures profondes, de ses guerres, de ses hostilités, secrètes ou déclarées, de ses croisades, de ses épisodes coloniaux, de son installation brutale en se partageant la carte et les biens du monde. comme il semble fort oublieux de sa traite négrière, qui demeura jusqu’au xxe siècle, de ses viles astuces politiques, à ne citer que l’implantation des sionistes en terre de palestine, bien avant 1948, car nul n’ignore que c’est « l’oeuvre même de l’occident et de l’occident le plus haïssable » comme le dit justement f. braudel ( grammaire des civilisations p. 130 ) a quoi s’ajoute le tout nouveau chapitre, provoquant et malhonnête à la fois, qui semble fallacieusement débuter avec le 11 septembre 2001, mais qui fut diaboliquement préparé, de longue date, car jusqu’à présent aucune preuve légale n’a pu justifier la prétendue riposte... il suffit de lire l’ouvrage de thierry meyssan, sur l’effroyable imposture, pour s’en rendre compte.