la généalogie de muhammad r le messagerr est abû qassim muhammad (muhammad, père d’al-qassim), fils d'abdullah, fils d'abdul muttalib. sa généalogie remonte jusqu'à adnan, l'un des descendants d’ismail u (prophète d’allah et fils d’ibrahim u, l’ami privilégié d’allah). sa mère est amina, fille de wahb. le prophète r a dit: «en vérité, parmi les fils d’ismail allah a jeté son dévolu sur kinâna; dans la descendance de kinâna, il a choisi quraich et dans la lignée de quraich, il a choisi les fils de hâchim et m’a élu parmi les fils de hâchim»[1]. c'est dire qu'il est le meilleur des hommes du point de vue généalogique, même de l’avis de ses ennemis. abû soufyâ en a témoigné auprès d’héraclius 1er, l'empereur romain, avant même d’embrasser l'islam. d’après abdullah ibn abbas t, le messager d’allah r avait envoyé à césar une lettre d’invitation à l'islam. dihya al kalby qui fut chargé d’acheminer cette correspondance la fit transiter par le gouverneur de bosrâ qui la remit à son destinataire (i.e., césar). ce dernier, en signe de gratitude à allah qui lui avait donné la victoire sur l’armée perse, avait marché d’émesse à îliyâ (jérusalem). après avoir lu la lettre de l’envoyé d’allah, il tint ces propos: «cherchez-moi ici quelque compatriote de cet homme qui pourra me renseigner au sujet de l’envoyé d’allah». ibn abbas t déclare en avoir été informé par abû soufyân ibn harb qui (selon ses dires) se trouvait en syrie à la tête d’une caravane de marchands qorayshites; pendant la trêve conclue entre l’envoyé d’allah r et les infidèles de qoraïch: «l’émissaire de césar, dit abû soufyân, nous ayant rencontré dans une localité de syrie, nous emmena, mes compagnons et moi, jusqu’à îliyâ. on nous introduisit auprès de l’empereur, et nous le vîmes assis dans la salle de conseil, le front ceint d’un diadème. entouré de hauts dignitaires grecs, il dit à son interprète: –demande-leur lequel d’entre eux est le plus proche parent de cet homme qui prétend être prophète. –c’est moi, répondis-je. –et quel est ton degré de parenté avec lui, interrogea césar. –c’est mon cousin [mot-à-mot: le fils de mon oncle paternel], repartis-je. (en tout honnêteté, il n’y avait dans la caravane aucun autre banoû abdu manâf que moi). –qu’on le fasse approcher, dit l’empereur qui donna aussitôt l’ordre qu’on plaçât mes compagnons juste derrière moi. ensuite, il dit à son interprète. –dis-leur que je vais interroger cet homme au sujet du prétendu prophète. que ses compagnons le contredisent immédiatement s'il ment. (or, par allah, si je n’avais eu honte alors de voir mes mensonges éventuellement dénoncés par mes compagnons, j’eusse menti lorsque l’empereur m’interrogea sur muhammad. c'est pourquoi je pris la résolution de dire la vérité). césar dit à son interprète: –demande-lui quel rang la famille de ce prophète occupe chez les leurs. –il est de bonne naissance, répondis-je. –quelqu’un parmi vous a-t-il jamais tenu avant lui des discours semblables? –non. –le soupçonniez-vous de mensongeavant qu’il tînt ce discours? –non. –y a-t-il eu des rois parmi ses ancêtres ? –non. –ses partisans se recrutent-ils dans les hautes classes ou parmi les humbles? –parmi les humbles. –leur nombre augmente-t-il ou va-t-il décroissant? –il augmente. –y en a-t-il parmi eux qui, après avoir adopté sa religion, la prennent ensuite en aversion et apostasient? –non. –trahit-il ses engagements? –non, mais nous avons conclu une trêve avec lui en ce moment, et nous craignons qu’à ce propos, il ne la viole». cette réponse fut la seule où je pus glisser une insinuation défavorable au prophète, sans craindre de la voir relever». poursuivant ses questions, l’empereur dit: «avez-vous été en guerre avec lui? –oui, répondis-je. –quelle a été l’issue des combats ? –la guerre entre nous a eu des alternatives: il a eu des moments de victoire sur nous autant que nous avons parfois eu à prendre le dessus. –et que vous ordonne-t-il donc? –il nous ordonne de n’adorer qu’allah seul, de n'associer à lui aucun être, de renoncer au culte de nos pères, de faire la prière, l’aumône, d’être chastes, de tenir nos engagements et de rendre les dépôts à nous confiés. » après avoir entendu mes propos, l’empereur dit à son interprète: «dis-lui: je t’ai interrogé au sujet de sa famille et tu m’as prétendu qu’il était de bonne naissance. or allah a toujours choisi ses messagers parmi les nobles de leurs communautés respectives. je t’ai demandé si parmi vous quelqu'un, avant lui, aurait eu à tenir un discours semblable, et tu as prétendu que non. alors en moi-même j’ai pensé que si quelqu'un avant lui avait tenu les mêmes propos, j’aurais pu croire que cet homme ne fait qu’imiter ses prédécesseurs. je t’ai demandé si avant qu’il ne tînt ce discours, vous le soupçonniez d’être un menteur, et tu as prétendu que non. j’ai compris par là que, s’il n’était pas homme à mentir à l’égard de ses semblables, il ne pouvait, à plus forte raison, mentir à l’égard d’allah. je t’ai demandé s'il y a eu des rois parmi ses ancêtres, et tu as prétendu que non. j’ai alors pensé que si quelqu'un parmi ses ancêtres avait régné, je me serais dit: cet homme cherche à remonter sur le trône de ses pères. je t’ai demandé si ses adeptes se recrutaient parmi les humbles ou parmi les grands, et tu as répondu que c’était parmi les humbles. en fait, c’est toujours eux qui forment les partisans des prophètes. je t’ai demandé s’ils augmentaient en nombre ou s’ils diminuaient au contraire, et tu as prétendu que leur nombre était de plus en plus important. or, c’est bien là le propre de la foi de croître jusqu'à sa complète évolution. je t’ai demandé si quelques-uns d’entre eux, après avoir embrassé sa religion, s’en sont détournés pour la prendre en aversion, et tu as prétendu que non. et c’est bien ainsi qu’il en est de la foi: les cœurs que sa grâce a pénétrés ne la prennent pas en aversion. je t’ai demandé s’il manquait à ses engagements, et tu as prétendu que non: il en est ainsi des prophètes, ils ne trahissent point. je t’ai demandé si vous avez été en guerre contre lui, et tu as prétendu que oui, que la guerre entre vous avaient eu des alternatives, tantôt à son avantage, tantôt au vôtre. il en est ainsi des prophètes: ils subissent des épreuves, mais le succès final leur appartient. je t’ai demandé ce qu’il ordonnait, et tu as prétendu qu’il vous interdisait d’adorer ce qu’adoraient vos ancêtres, qu’il vous prescrivait la prière, l’aumône, la pureté des mœurs, le respect de vos engagements et la restitution des dépôts à vous confiés. tout cela, poursuivit césar, répond bien au portrait d’un vrai prophète. je savais bien que cet homme allait paraître, mais je n'imaginais pas qu’il serait des vôtres (les arabes). si tu as dit vrai, il ne s’en faut guère que cet homme conquière cet endroit même où je me trouve. quant à moi, s’il m’était possible de l’approcher, je m’efforcerais de le rencontrer. et si j’étais auprès de lui, je lui laverais les pieds». ensuite l’empereur fit apporter la lettre de l’envoyé d’allah r. on la lut et elle fut ainsi conçue: «au nom d’allah, le tout miséricordieux, le très miséricordieux. de la part de muhammad, adorateur [esclave] et messager d’allah, à héraclius, le chef des grecs. paix sur quiconque suit la bonne voie. je t’invite à la foi musulmane. convertis-toi à l'islam, tu seras sauvé, convertis-toi à l'islam, allah te donnera une double part de récompense. si tu t'en détournes, tu seras en outre responsable des péchés de tes sujets ; (dis : “ô gens du livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions qu’allah, sans rien lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’allah”. puis, s’ils tournent le dos, dites : “soyez témoins que nous, nous sommes soumis”)[2]». abû soufyân poursuit son récit en ces termes: «lorsque héraclius eut fini de parler, des cris violents furent poussés par les grands personnages grecs qui l’entouraient, et un grand tumulte s’éleva; je ne sais pas ce qu’ils disaient. l’empereur donna alors l’ordre qu’on nous fasse sortir. lorsque nous fûmes dehors, seul avec mes compagnons, je leur dis: –les affaires du fils d’abû kabcha doivent avoir pris de l’ampleur, puisque le prince des banoûl asfar (rome) le redoute. depuis lors (malgré ma répugnance) et jusqu’au jour où, allah i ouvrit mon cœur à l'islam, je suis resté humblement convaincu du succès de muhammad»[3]. [1] mouslim, 2276 [2] al imran, 64 [3] al-boukhari, 2782