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Deuxième preuve : une raison capable de méditer sur le Royaume des Cieux et de la Terre

Auteur : Dr `Abd Allah Ibn ‘Abd Al-‘Azîz Al-Moslih
Sous catégorie :
769 2019/01/14 2024/12/18
Traduit en : العربية English

La raison est la chose la plus élevée chez l’homme et le don le plus merveilleux et le plus honorable qu’Allah lui ait fait. C’est grâce à cette raison qu’il se distingue des animaux, et le Coran considère celui qui néglige le recours à ses sens et à sa raison pour parvenir à la vérité comme plus égaré que les bêtes, parce qu’il n’utilise pas les moyens de la connaissance dans ce pour quoi ils ont été créés, et qu’il demeure l’esclave de ses passions et instincts. Allah, exalté soit-Il, dit : « Les pires des bêtes auprès d’Allah sont en vérité les sourds-muets qui ne raisonnent pas » (Coran 8/22). Et Il dit aussi : « Nous avons destiné beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer. Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants » (Coran 7/179).

Le Coran a fait de la raison clairvoyante et capable de discernement la cause essentielle d’échapper à l’Enfer et d’accéder au Paradis. Allah, exalté soit-Il, dit : « Et ils dirent : Si nous avions écouté ou raisonné, nous ne serions pas parmi les gens de la Fournaise » (Coran 67/10).

L’Islam considère d’ailleurs la protection de la raison comme l’un des cinq impératifs que la législation divine s’est donné de protéger. Il s’agit d’une protection complète qui préserve l’homme contre les doutes, contre les pensées destructrices et les valeurs décadentes qui le mènent à sa perdition, et contre les méfaits des boissons enivrantes et des drogues. Ainsi, l’Islam a prohibé tout ce qui est de nature à faire perdre la raison et éliminer sa présence y compris l’alcool en petite quantité même s’il n’enivre pas, pour couper court à tout dommage et tout préjudice et prévenir l’alcoolisme. Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) dit à ce propos : « Si une boisson enivre en grande quantité, elle est illicite en petite quantité ». En effet, l’Islam veut barrer la route au diable et couper la racine des maux de la raison, par respect et estime pour elle et pour son rôle dans la mission confiée par Allah à l’homme mandaté afin de peupler et faire prospérer la Terre, et d’appliquer Ses ordres promulgués dans l’intérêt et pour le bonheur de tous. Les versets coraniques qui s’adressent à la raison humaine pour l’encourager à examiner, à réfléchir et à approfondir, sont nombreux, qu’ils le fassent avec franchise ou par allusion, et ils font de la réflexion une obligation islamique. Allah, exalté soit-Il, dit : « Dis : “Regardez ce qui est dans les cieux et sur la terre”. Mais ni les preuves ni les avertisseurs (prophètes) ne suffisent à des gens qui ne croient pas » (Coran 10/101). Il dit également :

« Ceux qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre disant : “Notre Seigneur ! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi ! Garde-nous du châtiment du Feu” » (Coran 3/191).

Ceux qui ont étudié les questions de méditation sur le Royaume des Cieux et de la Terre affirment que l’obligation de recourir à la raison telle qu’elle apparaît dans le Saint Coran comprend toutes les fonctions de cette raison avec leurs spécificités et leurs significations. C’est ainsi qu’il s’adresse à la raison en tant que siège de la morale, de la perception, de la sagesse et du bon sens, et il ne la mentionne pas de façon incidente et rapide, mais de façon intentionnelle et détaillée, et d’une manière qui n’a d’équivalent dans aucun autre livre religieux ». Et du fait de l’importance de cette raison dans l’acquisition de la science, l’homme s’interroge sur la façon d’acquérir la connaissance des choses et de parvenir à des croyances indiscutables.

Arrêtons-nous sur le sens linguistique du terme « raison » (‘aql en arabe). Selon certains, la raison est la faculté qu'a l'esprit humain d'organiser ses relations avec le réel. Et les oulémas sont unanimes sur le fait que l’acquisition de la science religieuse et la méditation sur le Royaume des Cieux et de la Terre, tout en purifiant l’âme des préoccupations corporelles et en renonçant aux passions, conduit tout droit l’homme à la vérité concordant avec la ligne de conduite tracée par le Coran et la Sunna ; car la connaissance des sciences islamiques, associée à la réflexion sur les bienfaits divins et les dons généreux du Créateur, tout en renonçant totalement aux passions de l’âme, conduit à la clairvoyance et mène l’homme à découvrir les enseignements, signes et bienfaits qu’Allah a déposé dans ce vaste univers, pour qu’il sache qu’ils sont des dons de Lui. Ainsi, la lumière de la science divine, lorsqu’elle éclaire la raison saine, produit une certitude sincère. À noter qu’en Islam il est indispensable d’employer sa raison, alors que l’Eglise considérait que la seule source de la connaissance était la révélation ou ses enseignements à elle tout en rejettant la raison. Saint Anselme a dit : « Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais je crois afin de comprendre ; car si je ne croyais pas, je n’aurais pas la possibilité de comprendre ». Et l’apôtre Paul a dit : « Je détruirai la sagesse des sages et je rejetterai la science des savants ». L’Eglise a donc combattu férocement les savants, au point de brûler Giordano Bruno en 1660 de l’ère chrétienne oud’emprisonner le grand savant Galilée et de le traduire en justice en l’obligeant à revenir sur sa théorie de révolution de la Terre (autour du soleil), que l’Eglise considérait comme fixe. C’est ainsi que se heurtèrent religion et science.

Quant au mathématicien et physicien Paul Davies, il dit dans son livre Le Temps et le Lieu dans l’Univers Moderne : « La science s’est beaucoup éloignée de la conception biblique de la création de l’univers ». Mais le Coran et la Sunna sont venus contredire ce mensonge, car la science et la raison saine, d’une part, et la religion, de l’autre, font partie d’un tout harmonieux et Allah n’a pas donné une raison à l’homme pour qu’il la laisse paresser, mais pour qu’il l’emploie à méditer sur le vaste univers d’Allah, ses Cieux et ses Terres, de façon à comprendre que derrière cette perfection et cette minutie de la création se trouve un Sage et un Façonneur Omnipotent. Ainsi, s’il utilise sa raison pour réfléchir sur ce qu’il voit, il se rendra compte de la sagesse, de l’excellence et de l’intelligence ayant procédé à la conception du monde. Et il saura ainsi avec certitude que derrière ces bienfaits se trouve un Être intentionné, sage et généreux, et que Celui Qui gère le Royaume des Cieux et de la Terre est Vivant, Autosuffisant, Majestueux et Grandiose. C’est pourquoi notre Seigneur nous a ordonné de méditer sur ce vaste Royaume en disant : « En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence,  qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre disant : Notre Seigneur ! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi ! Garde-nous du châtiment du Feu » (Coran 3/190-191).

« Quel bon raisonnement prouve l’existence du Créateur », pourrait s’interroger le chercheur de vérité ? Nous lui répondrons que le chemin le plus droit, la source la plus pure, la voie la plus sûre, la référence la plus docte et le texte le plus formel est le Saint Coran dans lequel Allah, exalté soit-Il, a résumé ce problème essentiel en fournissant la preuve rationnelle la plus claire que les oulémas de l’Islam ont appelée : la preuve de la création. Allah, exalté soit-Il, a dit : « Ont-ils été créés à partir de rien ou sont-ils eux les créateurs ? » (Coran 52/35).

Puis Il les a défiés en disant : « Ou ont-ils créé les cieux et la terre ? Mais ils n’ont plutôt aucune conviction » (Coran 52/36).

Cette méthode coranique que nous a transmise notre Seigneur se résume en trois axiomes indiscutables :

– Premier axiome : tout acte doit être accompli par un agent, ce qui est l’un des énoncés rationnels les plus évidents, car l’homme est apparu à la surface de la Terre après avoir été inexistant. Allah, exalté soit-Il, dit :

« S’est-il écoulé pour l’homme un laps de temps durant lequel il n’était même pas une chose mentionnable » (Coran 76/1).

Il dit aussi :

« Comment pouvez-vous renier Allah alors qu’Il vous a donné la vie, quand vous en étiez privés ? » (Coran 2/28).

L’homme ne peut donc pas s’entêter à prétendre qu’une chose puisse exister à partir du néant sans avoir de cause à l’origine de son existence, cette question qui a été admise de tout temps par la raison est évidente et indiscutable. Sauf si l’individu réagit comme l’enfant qui, lorsque vous lui demandez : « Qui a cassé le verre ? », répond : « Il s’est cassé tout seul », pour ne pas être accusé. Ce qui provoque immanquablement le rire moqueur de l’adulte en raison de l’absurdité de sa réponse, car il n’y a rien de plus communément admis que le fait qu’un acte doit être accompli par un agent.

– Deuxième axiome : cet acte (la création de cet être humain à la morphologie si complexe, dont la composition est si merveilleuse et la forme si parfaite) est le reflet de la puissance du Sage Façonneur, et de certains de Ses attributs. Ainsi, vous pouvez reconnaître grâce à la raison et à la clairvoyance de nombreux attributs du Créateur à travers Ses actes : par exemple, le fœtus qui se forme dans l’utérus de sa mère, d’où obtient-il sa nourriture et sa boisson et comment respire-t-il ? Ensuite, il vit dans le ventre de sa mère, baignant dans le placenta, entouré de « trois ténèbres » :

« Il vous crée dans les ventres de vos mères, création après création, dans trois ténèbres » (Coran 39/6), à savoir : le placenta, l’utérus et le ventre de sa mère. Et lorsqu’il en sort et qu’il est privé de ce qui le nourrissait, par la rupture du cordon ombilical qui le liait à sa mère, le voilà qui trouve à nouveau de quoi se nourrir grâce à deux fontaines de lait que sont les seins de la mère, tiède en hiver et frais en été. Et lorsqu’il est sevré, voici qu’il utilise sa langue pour crier son besoin de nourriture, ses yeux pour voir, ses jambes pour marcher, etc. Et tout cela grâce à un corps créé : « dans la forme la plus parfaite » (Coran 95/4).

Ne voyez-vous donc pas clairement que Celui Qui l’a fait exister est un Façonneur Grandiose, Clément et Miséricordieux. En effet si vous méditez sur cette vérité, vous direz sans hésiter : « Celui Qui l’a fait exister est un Seigneur Bienfaiteur et Miséricordieux », car vous verrez les manifestations de ces bienfaits et de cette miséricorde qui l’entourent du début à la fin. Et vous pourrez dire en toute confiance et sérénité : « Celui Qui l’a fait exister est un Créateur Omniscient » : « Ne connaît-Il pas ce qu’Il a créé alors que c’est Lui le Compatissant, le Parfaitement Connaisseur » (Coran 67/14), puisqu’Il lui a permis, en lui fournissant les moyens d’entendre, de voir, de parler et de se mouvoir, de vivre normalement jusqu’à la fin de ses jours.

On voit également quatre liquides au niveau de son visage : les larmes de ses yeux, la salive de sa bouche, le cérumen de ses oreilles et l’humeur visqueuse de son nez, chacun de ces bienfaits étant à sa juste place et manifestant l’extrême sagesse du Créateur dans la perfection de Sa création et de Son organisation.

Ainsi, en poursuivant notre méditation sur la création de l’homme, nous pouvons en déduire les attributs parfaits d’Allah : la puissance, l’autosuffisance, la capacité de création, la connaissance du Ghayb (l’inconnaissable), du monde visible, la souveraineté, la domination, la perfection de sa création et la sagesse, et nous savons avec certitude  que Celui Qui l’a fait exister et qui possède ces magnifiques attributs est Allah, Seul, Qui n’a nul besoin d’associé : « Il n’y a rien qui Lui ressemble ; et c’est Lui l’Audient, le Clairvoyant » (Coran 42/11).

Votre langue prononce ces mots, votre cœur et votre âme y prêtent foi. Pourquoi donc ? Parce que tout en dehors d’Allah est faux et vain, s’oppose à la raison et à la vérité, et nie les évidences les plus indiscutables :

« Tel est Allah, votre vrai Seigneur. Au delà de la vérité qu’y a-t-il donc sinon l’égarement ? » (Coran 10/32).

Quant à la théorie du hasard (dans la création), qui est la référence de ceux qui nient l’existence d’Allah, exalté soit-Il, elle se trouve mise à mal lorsqu’ils sont confrontés aux répétitions des manifestations de la sagesse divine dans la création, car le hasard ne contient aucune sagesse, n’est soumis à aucune règle et se renouvelle rarement. Ainsi, il se peut que l’ouvrier d’une imprimerie, lorsqu’il mélange les caractères de façon aléatoire, arrive à former un mot ayant un sens, mais s’il les agite des millions de fois, ce même mot se reformera-t-il à nouveau ? Que dire alors si, après les avoir mélangés, il se formait une œuvre scientifique complète ? Or, aucune œuvre n’est jusqu’à maintenant parvenue à rendre compte de toutes les merveilles de l’univers et de l’être humain, et bien inspiré est celui qui a dit : « Cet univers est un livre fermé dont les savants n’ont lu que quelques mots sur la couverture ». En effet, cet univers, fantastique dans la façon dont il a été créé, remarquable par la perfection de sa conception et la minutie de tous ses détails, est la preuve évidente de l’incohérence de la théorie du hasard. Ne sont-ce pas ceux-là qui, lorsque vous leur demandez : « Qui donc a créé l’homme, l’univers, la vie et les êtres vivants ? » se dissimulent derrière le terme de « nature », et qui sont confondus lorsque vous leur dites : « La nature n’est-elle pas elle-même animée, organisée, ordonnée et donc créée ? Or, toute créature a besoin d’un Créateur, car il est évident que tout acte doit être accompli par un agent ». Et vous augmentez encore leur confusion et détruisez leurs allégations aux yeux des partisans honnêtes de la vérité et de la justice lorsque vous leur faites remarquer : cette « nature », c’est-à-dire cette créature, n’était-elle pas du néant avant d’exister, or le néant ne peut parvenir à l’existence par lui-même ? Et votre âme aussi avant d’exister était du néant. La nature est donc incapable, de toute évidence, de créer quoi que ce soit de tout cela :

« Ou ont-ils créé les cieux et la terre ? Mais ils n’ont plutôt aucune conviction » (Coran 52/36).

– Troisième axiome : le prétendu agent (la nature) ne peut pas non plus agir, à aucun moment, ni comprendre par lui-même. Ar-Rahâwî a ainsi rapporté du philosophe grec Aristote ces propos : « N’est-il pas étonnant que la nature, alors qu’elle n’est pas dotée de la faculté de compréhension et ne réfléchit pas ni ne médite sur l’acte qu’elle accomplit, soit poussée vers le but voulu ? ». Ceci est dû au fait que la nature est une créature et que toute créature a besoin de son Créateur, et cela fait partie des axiomes les plus évidents ancrés dans la raison de tout être humain.

Il ne vous reste donc plus, vous qui êtes en quête de la vérité avec ses preuves les plus éclatantes – et celles-ci vous entourent – qu’à reconnaître avec une parfaite certitude que le Créateur, le Bienfaiteur, le Pourvoyeur et Maître du Royaume des Cieux et de la Terre, est Allah, le Vivant, l’Autosuffisant, et en dehors de Qui il n’y a rien. Et s’il en est ainsi, Il est le seul Seigneur, le seul Bienfaiteur, le seul à être digne d’adoration et d’obéissance :

« La création et le commandement n’appartiennent qu’à Lui. Toute gloire à Allah, Seigneur de l’Univers ! » (Coran 7/54)

 

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