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INTRODUCTION
L‘imam Muhammad Ibn cAbdil-Wahhâb, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Les Trois Fondements [...] »
C’est le titre d’un livre d’une importance fondamentale et qui concerne la croyance musulmane. Son auteur est Abu Abdillah, l’imam Muhammad Ibn cAbdil-Wahhâb Ibn Sulaymân Ibn cAlî At-Tamîmî Al-Hanbalî[1], le grand et célèbre savant. Il fut qualifié de « rénovateur », car à la deuxième moitié du douzième siècle de l’hégire il revivifia les enseignements de l’Islam ignorés par les gens. Qu’Allah lui fasse miséricorde et qu’Il bénisse sa demeure éternelle.
Il avait pour habitude de dicter ces fondements aux étudiants, ainsi qu’au grand public, afin qu’ils les étudient, les mémorisent et qu’ils s’ancrent dans leur cœur ; en raison du caractère primordial de ces fondements dans le domaine de la croyance.
Il naquît en 1115 de l’hégire et décéda en 1206, il vécut ainsi 91 ans. Sa vie fut pleine de bien, de prêches, d’enseignements, de recommandations et de patience.
Par son intermédiaire, Allah I a sauvé les peuples et les contrées qui vivaient, à cette époque, sur la péninsule arabique. Ensuite, sa prêche se répandit au-delà de cette péninsule : notamment dans la région du Shâm (qui se situe à cheval entre la Syrie, la Palestine, la Jordanie, le Liban…), puis en Égypte, en Irak, en Inde et dans d’autres régions, d’une part, grâce aux prêcheurs qui apprirent auprès de lui puis voyagèrent vers ces régions, mais également grâce aux nombreuses maisons d’édition et aux ouvrages qu’il a propagés, lui, ainsi que ceux qui le défendirent et le suivirent dans son appel à l’Islam.
« Sache – qu’Allah te fasse miséricorde – qu’il nous est nécessaire de connaître quatre points »
Ces points doivent être appris des croyants et croyantes, petits et grands.
« Le premier : La connaissance, qui consiste à connaitre Allah I [...] »
Le musulman doit s’instruire et chercher à comprendre afin de connaître et d’être convaincu de la religion d’Allah, celle pour laquelle il a été créé. Ce savoir, c’est la connaissance – avec preuves – d’Allah, de Son prophète, et de l’Islam.
Voici le premier point : que le serviteur d’Allah cherche à comprendre qui est son Seigneur et qu’il sache que son Seigneur est le Créateur, Celui qui l’a créé, pourvu, comblé de bienfaits, et qu’Il a créé [d’autres] avant lui et créera [d’autres] après lui, qu’Il est le Seigneur des mondes et qu’Il est le seul et vrai Dieu, et que nul autre que Lui ne mérite adoration, et ce de manière absolue : ni ange rapproché, ni prophète envoyé, ni djinn, ni homme, ni statue, ni toute autre créature…
L’adoration est un droit qui n’est réservé qu’à Allah seul. Il est le Dieu légitime puisqu’Il est Celui qui mérite qu’on Lui voue adoration, Il est le Seigneur des mondes, Il est ton Seigneur, ton Créateur, et ton Dieu – qu’Il soit exalté.
Ainsi, tu apprendras ce premier point qui consiste à prendre connaissance de ton Seigneur, ton prophète, ainsi que de ta religion. Ceci doit se faire à l’appui de preuves, c’est-à-dire : « Allah I a dit... » ou bien « Le messager e a dit... » et non pas selon l’avis ou la parole d’untel, mais plutôt avec des preuves puisées du Coran (versets) et de la Sunna (hadiths).
Ainsi est la religion de l’Islam, celle qu’il t’est ordonné d’adopter et à laquelle il faut adhérer. C’est l’adoration d’Allah au sujet de laquelle Il I a dit :
﴿وَمَا خَلَقْتُ الْجِنَّ وَالْإِنْسَ إِلَّا لِيَعْبُدُونِ﴾
« Je n’ai créé les djinns et les humains que pour qu’ils M’adorent[2]. »
L’adoration citée dans le verset est l’Islam, c’est l’obéissance à Allah et à Son messager, la mise en application des ordres d’Allah et le délaissement des Ses interdits.
Allah nous a également ordonné de L’adorer dans Sa I parole :
﴾ يَا أَيُّهَا النَّاسُ اعْبُدُوا رَبَّكُمُ ﴿
« Ô hommes ! Adorez votre Seigneur ![3] »
C’est-à-dire : adorez-Le en obéissant à Ses ordres, en évitant Ses interdits, en se soumettant totalement à Lui, et en vouant le culte à Lui seul.
« [...] à connaitre Son prophète e, et à connaitre la religion de l’Islam, avec des preuves à l’appui. [...] »
Parmi les points qu’il est nécessaire de savoir, on retrouve la connaissance de ton prophète, qui est Muhammad Ibn cAbdillah Ibn cAbdil-Muttalib, le descendant de Hâshim, Le Qurashî[4], le Mecquois qui fut ensuite Médinois e.
Il s’agit là de savoir qu’il est un prophète, et qu’Allah l’a envoyé à toi avec la religion de vérité pour qu’il t’enseigne et te guide. Ceci implique de croire avec certitude qu’il est le messager d’Allah, envoyé au monde entier, qu’ils soient djinns ou hommes, et qu’il est obligatoire de le suivre et d’emprunter sa voie.
Ceci sera expliqué en détail lorsque l’on traitera du troisième fondement.
« [...] Le deuxième : la mise en pratique de ces connaissances [...] »
Ce deuxième point signifie que tu dois mettre cette religion en application, car c’est pour celle-ci que tu as été créé. Ainsi, il te faut d’abord connaitre puis mettre en application : en adorant Allah seul, en accomplissant la prière, en s’acquittant de la zakât, en jeûnant le mois de Ramadhân, en effectuant le pèlerinage à la Maison [Sacrée] ; en croyant en Allah, en Ses anges, Ses prophètes, Ses livres, au jour du Jugement, au destin qu’il soit bon ou mauvais ; en ordonnant le bien et en réprimant le mal ; en faisant preuve de bonté envers les parents, en entretenant les liens familiaux...
Tu dois appliquer ce qu’Allah t’a ordonné et délaisser tout ce qu’Il t’a interdit.
« [...] Le troisième : la propagation de ces connaissances [...] »
Cela signifie qu’il faut appeler les gens à cette religion, en leur conseillant de s’y attacher, en leur indiquant et en leur ordonnant le bien, tout en leur interdisant le mal. C’est ainsi que l’on appelle à l’Islam. Tout musulman doit propager sa religion selon ses capacités et son degré de connaissance.
En effet, chacun, qu’il soit homme ou femme, a une part de responsabilité dans cette obligation collective qui est de propager et d’appeler à l’Islam, d’orienter et de conseiller les gens.
En outre, le musulman doit appeler [les autres] à l’unicité d’Allah, à accomplir la prière assidûment, à s’acquitter de la Zakât, à jeûner le mois de Ramadhân, à se rendre au pèlerinage pour celui qui en a la possibilité, à manifester de la bonté aux parents, à entretenir les liens de parenté et à délaisser tout péché...
« [...] Le quatrième : La patience et l'endurance dans la persécution et les préjudices qui peuvent en résulter [...] »
Cela consiste à faire preuve de patience face aux préjudices qui résultent de toutes ces choses. En effet, il arrive [régulièrement] qu’une personne subisse des troubles de la part des personnes auxquelles il prêche ou bien de la part d’autres personnes. Il est donc nécessaire de patienter et de rechercher en cela la récompense d’Allah.
Le croyant endure dans sa foi en Allah, dans l’application des actes qu’Il lui a ordonnés, dans le délaissement de ceux qu’Il lui a interdits. Aussi, il patiente dans l’appel à Allah, dans l’enseignement, dans le commandement du bien et l’interdiction du mal. Il faut donc faire preuve d’endurance envers et contre toutes ces choses, car la religion, dans son intégralité, exige de la patience.
Par ailleurs, il est nécessaire de patienter dans le fait de se tenir à l’écart des péchés et des mauvais actes, en prenant garde de s’en approcher. De fait, si on ne patiente pas, on tombe dans ce qu’Allah a interdit ou alors on se met à délaisser ce qu’Il a rendu obligatoire. C’est à cet effet qu’Allah I a dit à son messager :
﴿فَاصْبِرْ كَمَا صَبَرَ أُولُو الْعَزْمِ مِنَ الرُّسُلِ﴾
« Endure donc, comme ont enduré les messagers doués de fermeté.[5] »
Et Il I a dit :
﴿ وَاصْبِرْ لِحُكْمِ رَبِّكَ فَإِنَّكَ بِأَعْيُنِنَا ﴾
« Et supporte patiemment la décision de ton Seigneur, car en vérité tu es sous Nos yeux.[6] »
Et Il I a dit :
﴿ وَاصْبِرْ وَمَا صَبْرُكَ إِلاَّ بِاللَّهِ﴾
« Endure! Ton endurance [ne viendra] qu'avec [l’aide] d’Allah.[7] »
Et Il I a dit :
﴿ إِنَّمَا يُوَفَّى الصَّابِرُونَ أَجْرَهُمْ بِغَيْرِ حِسَابٍ ﴾
« Les endurants auront leur pleine récompense sans compter.[8] »
Et Il I a dit :
﴿ واصْبِرُوا إِنَّ اللَّهَ مَعَ الصَّابِرِينَ ﴾
« Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants.[9] »
C’est-à-dire : « patientez en obéissant à Allah, en délaissant les péchés et prenez garde de pas aller à l’encontre de Ses ordres ni de commettre Ses interdits ».
« [...] La preuve à ce sujet est Sa I parole :
﴿ وَالْعَصْرِ إِنَّ الإِنسَانَ لَفِي خُسْرٍ إِلاَّ الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ ﴾
« Par le temps ! L’homme est certes en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la vérité et se recommandent mutuellement la patience.[10] » [...] »
Voici la justification des quatre points essentiels traités précédemment. Cette sourate grandiose en est la preuve, elle englobe la religion tout entière. En effet, la religion n’est que croyance, actes, prêche et patience. Autrement dit, elle consiste à croire en la vérité, la mettre en application, la propager et endurer les préjudices qui peuvent en résulter.
En clair, l’humanité tout entière est en perdition « Sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la vérité et se recommandent mutuellement la patience », ceux-là auront le succès et seront les bienheureux.
Allah I a juré à ce propos en disant « Par le temps ! » Or, il est évident qu’Il I dit toujours la vérité sans même avoir besoin de jurer, mais Il l’a fait pour souligner l’importance de ce sujet. Allah I jure par n’importe laquelle de Ses créatures et personne ne peut L’en empêcher.
Il a juré I [dans d’autres sourates] par le ciel aux constellations, par le ciel et l’astre nocturne, par le jour montant, par le soleil et sa clarté, par la nuit lorsqu’elle enveloppe tout, par les anges qui arrachent les âmes des mécréants et ainsi de suite... pour montrer la grandeur de Ses créatures et, par conséquent, démontrer Son immensité et Son unicité, et prouver que c’est Lui seul qui doit être adoré.
En revanche, les créatures n’ont le droit de jurer que par leur Seigneur. Il est leur strictement interdit de jurer par les prophètes, les statues, les vertueux, par la Kacbah ou tout autre créature…
Ceci est le devoir du musulman, car le prophète r a dit : « Quiconque jure par autre qu’Allah a certes associé[11] », et il a dit aussi : « Quiconque veut jurer, qu’il jure par Allah ou bien qu’il se taise[12] ». Que le musulman et la musulmane prennent donc garde de jurer par un autre qu’Allah I, et que leurs promesses ne se fassent uniquement par Allah.
« [...] Ash-Shâficî, qu’Allah I lui fasse miséricorde, a dit : « Si Allah n’avait révélé que cette sourate comme argument contre Ses créatures, elle leur aurait été suffisante. » [...] »
Il s’agit du célèbre imam, l’un des savants éminents, qui fait partie des quatre jurisconsultes reconnus par la communauté musulmane : Muhammad Ibn Idrîs Ash-Shâficî Al-Matlabî, né en l’an 150 de l’hégire et décédé en 204.
Dans une autre version, l’imam Ash-Shâficî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Si les gens réfléchissaient sur cette sourate, elle leur suffirait ». Autrement dit, s’ils s’étaient arrêtés dessus et l’avaient méditée, elle aurait suffi pour les forcer à suivre la vérité, exécuter ce qu’Allah leur a ordonné et délaisser ce qu’Il leur a interdit, car Allah n’épargnera que ceux qui croient, accomplissent les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la vérité et la patience. Ce sont eux les gagnants, tandis que les autres courent tous à leur propre perte.
Par ailleurs, cette sourate souligne l’obligation de se conseiller mutuellement, de vouloir le bien pour autrui, de croire, de patienter et d’être sincère.
En résumé, le bonheur ne sera atteint que par l’intermédiaire de ces quatre caractéristiques : la foi sincère en Allah et Son messager, les actes de bienfaisance, l’exhortation mutuelle à suivre la vérité, et l’exhortation mutuelle à se montrer patient.
« [...] Al-Bukhârî, qu’Allah I lui fasse miséricorde, a dit : « [Chapitre] : Le savoir vient avant la parole et l’acte ». La preuve à ce sujet est Sa parole I :
﴿فَاعْلَمْ أَنَّهُ لا إِلَهَ إِلا اللَّهُ وَاسْتَغْفِرْ لِذَنْبِكَ﴾
« Sache qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah et implore l’absolution de tes péchés[13] » Il a donc débuté par le savoir avant la parole et l’acte » [...] »
Il s’agit d’Abû Abdillâh Muhammad Ibn Ismâcîl Ibn Ibrâhîm Al-Bukhârî, originaire de la ville de Bukhârah située en Extrême-Orient[14]. Né à la fin du deuxième siècle de l’hégire : en 194, et décédé en 256, à l’âge de 62 ans. Il est l’auteur du fameux recueil de hadiths « Sahîh Al-Bukhârî[15] » et de nombreux autres ouvrages très instructifs et bénéfiques, qu’Allah lui fasse miséricorde.
L’homme doit donc s’instruire avant tout, puis ensuite œuvrer. Apprendre sa religion lui permettra de l’appliquer avec clairvoyance. Et Allah est plus Savant.
[1] « At-Tamîmî » se rapporte à la tribu dont il est originaire : « Les Banû Tamîm ». Quant à « Al-Hanbalî », cela fait référence à l’école jurisprudentielle à laquelle il s’affiliait : celle de l’Imam Ahmad Ibn Hanbal.
[2] Sourate « Qui éparpillent », v. 56
[3] Sourate « La vache », v. 21
[4] « Al-Qurashî » (le Qurayshite), fait mention à la tribu dont le prophète e était issu.
[5] Sourate « Al-Ahqâf », v. 35
[6] Sourate « At-Tûr », v. 48
[7] Sourate « Les abeilles », v. 127
[8] Sourate « Les groupes », v. 10
[9] Sourate « Le butin », v. 46
[10] Sourate « Le temps », v. 1 à 3
[11] Rapporté par l’imam Ahmad, avec une chaîne de transmission authentique
[12] Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim
[13] Sourate « Muhammad », v. 19
[14] Note du correcteur (NDC) : en actuel Ouzbékistan.
[15] Note du traducteur (NDT) : ce recueil de hadiths est le plus authentique qui soit, à l’unanimité des savants.