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Melech Yacov, ex-juif, États-Unis (partie1 de 2)

1531 2014/09/27 2024/11/17

Lorsque je suis né, on me donna le nom hébreu Melech Yacov.  Aujourd’hui encore, je vis dans le quartier de New York où je suis né.  Nous formions une famille plus ou moins religieuse.  Nous appartenions à la congrégation hassidique, avec laquelle nous nous réunissions chaque samedi, mais nous ne respections pas toutes les règles strictes du judaïsme hassidique.  Pour ceux qui l’ignorent, le hassidisme est considéré comme le judaïsme ultra-orthodoxe, car ses membres observent très strictement la loi juive et s’adonnent au mysticisme juif (cabbale).  Ce sont ces drôles d’hommes que vous apercevez, parfois, déambulant sur les trottoirs vêtus de grands manteaux et chapeaux noirs, qui laissent pousser leur barbe et leurs favoris, desquels ils font des papillotes.


Mais chez nous, nous étions différents.  Ma famille cuisinait et utilisait l’électricité lors du sabbat et je ne portais pas de yarmulke (kippa) sur ma tête.  De plus, j’ai grandi dans un environnement non-religieux, entouré d’amis et de camarades de classe non-juifs.  Même sans être très pratiquant, je n’ai pu m’empêcher, des années durant, de me sentir coupable si je conduisais un samedi ou si je mangeais de la nourriture qui n’était pas cachère.


Malgré le fait que je n’observais pas toutes les règles, j’avais quand même le sentiment profond que c’était là la vie que Dieu souhaitait me voir mener; et, chaque fois que j’ignorais sciemment une règle, je sentais que je commettais un péché aux yeux de Dieu.  Depuis que j’étais tout petit, ma mère me lisait les histoires des grands rabbins tels Eliezar et Baal Shem Tov, de même que les légendes tirées du Haggadah (une partie du Talmud) et de la Torah.


Toutes ces histoires comportaient le même message éthique, qui me poussait à m’identifier à la communauté juive et, plus tard, à Israël.  Ces histoires rappelaient comment les juifs avaient été opprimés, à travers l’histoire, mais que Dieu avait toujours soutenu Son peuple jusqu’au bout.  Les histoires que l’on raconte aux enfants juifs leur rappellent que les miracles ont toujours sauvé les juifs, chaque fois qu’ils traversaient de difficiles épreuves.  La survie des juifs, à travers l’histoire, est considérée comme un miracle en soi.


Si une personne cherche à comprendre, de manière objective, pourquoi la plupart des juifs ont une position irrationnelle sur l’État d’Israël, elle doit comprendre à quel point nous sommes endoctrinés, enfants, par de telles histoires.  C’est pourquoi les sionistes prétendent ne rien faire de mal.  Tous les goyim (non-juifs) sont considérés comme des ennemis prêts à attaquer et on ne peut donc jamais leur faire confiance.  Les juifs entretiennent des liens très étroits les uns avec les autres et se considèrent comme le peuple élu de Dieu.  Des années durant, j’y ai cru, moi aussi.

Même si je possédais une forte identité juive, je détestais assister aux services religieux du samedi (shoul).  Je me souviens encore, enfant, lorsque j’étais forcé d’y assister avec mon père.  Je me souviens à quel point j’y mourais d’ennui et comment je trouvais que tous avaient l’air étranges avec leurs chapeaux noirs et leurs barbes, priant dans une langue inconnue.  C’était, chaque fois, comme être plongé dans un monde étrange, à des lieues de mon quotidien, de mes amis et des gens qui m’étaient familiers.  Je comprenais que nous étions censés être comme ces barbus, mais à la maison, mes parents ne pratiquaient pas strictement le hassidisme.

Quand j’eus 13 ans, on organisa une bar-mitzvah, pour moi, comme on le fait pour tous les garçons juifs qui deviennent homme.  Je commençai également à porter des tefillins (amulettes juives) chaque jour.  On me dit qu’il était de mauvais augure d’oublier de les porter ne fut-ce qu’un jour.  Et, un jour que j’oubliai de les mettre, ma mère se fit voler sa voiture!  Cela ne fit que m’encourager davantage à les porter sans faute.


C’est peu de temps après ma bar-mitzvah que ma famille cessa complètement de fréquenter la synagogue.  Mes parents ne pouvaient plus endurer les trois heures et demie de prières.  Un peu plus tard, mon père se querella avec certains membres de la congrégation, ce qui ne fit que renforcer sa détermination à ne plus fréquenter ces lieux.  Puis, quelque chose d’étrange arriva : mon père se laissa convaincre, par un ami chrétien, de se convertir au christianisme.  Ma mère ne demanda pas le divorce, mais, depuis, elle n’en garde pas moins une haine silencieuse, au fond d’elle-même.


Tous ces événements coïncidaient avec le début de mon adolescence, période à laquelle les jeunes se cherchent typiquement une identité.  La conversion de mon père m’amena à remettre en question mes propres croyances.  Je me mis à me poser des questions telles : Qu’est-ce qu’un juif, au fond?  Le judaïsme est-il une culture, une nation ou une religion?  Si c’est une nation, comment les juifs peuvent-ils alors être citoyens de deux nations?  S’il s’agit d’une religion, pourquoi les prières sont-elles récitées en hébreu et pourquoi le respect des rituels « orientaux »?  Et si le judaïsme n’était qu’une culture, une personne cessait-elle donc d’être juive si elle ne parlait plus l’hébreu et ne vivait plus selon les traditions juives?


Si un juif était celui qui observe les commandements de la Torah, pourquoi Abraham est-il appelé le « premier juif » alors qu’il vécut bien avant que la Torah ne soit révélée à Moïse?  D’ailleurs, la Torah n’affirme même pas qu’il était juif.  Le terme « juif » vient du nom de l’un des douze fils de Jacob, Judée.  Les juifs ne furent appelés juifs que lorsque le royaume de Judée fut établi, après l’époque de Salomon.  Selon la tradition, est juif celui dont la mère est juive.  Suivant cela, on peut donc continuer d’être juif même si on devient chrétien ou athée.  Petit à petit, je sentais que je me détachais du judaïsme.  Il y avait tant de lois à observer; quel était le but de tous ces rituels qui n’en finissaient plus, me demandais-je.  Plus j’y pensais et plus je me disais qu’ils n’étaient autres que l’invention de l’homme.

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