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Une introduction au Coran (partie 2 de 2) : Son caractère inimitable et son langage

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2371 2014/01/21 2024/11/15

Des millions et des millions de musulmans sont totalement convaincus de l’importance et de la grandeur du Coran, qu’ils qualifient habituellement en utilisant les épithètes de « noble », « glorieux » et « pur ».  Comment se fait-il que les musulmans soient si profondément bouleversés lorsqu’ils récitent le Coran, qu’ils en voient les versets ou qu’ils le touchent simplement?

 


Selon la doctrine islamique, le style du Coran est inimitable et renferme une beauté et un pouvoir surnaturels.  Aucune créature, malgré tous ses efforts, ne peut écrire un passage comparable à un verset du Livre révélé.  Cela est dû en partie au mérite littéraire du texte et à la justesse des mots employés – leur pouvoir de transformer et de sauver – qui est absolument inimitable.  Lorsqu’on les récite à un berger illettré, il s’en trouve bouleversé jusqu’aux larmes.  Ces mots ont façonné la vie de millions de personnes au cours des quatorze derniers siècles; ils ont nourri certains des intellects les plus brillants que l’humanité ait connus; ils ont arrêté net la course de plus d’un épicurien et les ont transformés en croyants pieux; ils ont été à la source de la philosophie de vie la plus subtile et d’un art qui en exprime, en termes visuels, le sens le plus profond; ces mots ont rassemblé en communautés et en civilisations les tribus errantes de l’humanité et les ont marquées d’une empreinte qui n’échappe à aucun observateur, même le plus distrait.

 


Réciter le Coran est l’occupation la plus sublime et la plus édifiante pour un(e) musulman(e), même s’il (elle) n’en saisit pas intellectuellement le sens comme c’est le cas de la plupart des croyants qui ne sont pas arabophones.  Le désir des musulmans de réciter le Coran de la manière la plus mélodieuse possible, et la pratique de la tilāwah (la récitation correcte), a donné naissance à tout un art.  Même en récitant le Livre sans mélodie, on doit respecter certaines règles de récitation.  Le Hafiz, qui mot à mot « préserve » le Coran (c’est-à-dire qu’il le connaît par cœur), est tenu en haute estime, et garçons et filles sont envoyés à la mosquée dès leur jeune âge afin de mémoriser le Livre.


Afin de ne pas porter atteinte au caractère sacré du Coran, une attention particulière doit être accordée pour ne pas le laisser à un endroit où quelqu’un pourrait accidentellement marcher ou s’asseoir dessus, ou lui manquer de respect de quelconque manière.  Il est extrêmement détestable d’utiliser n’importe quel livre, et à fortiori le Coran, comme support pour soutenir ou surélever quelque chose.  Lorsqu’il n’est pas entrain de lire le Coran, le musulman doit le remettre sur la tablette de l’étagère à livres ou sur son lutrin.  Certains l’emballent soigneusement à l’aide d’un tissu afin de le préserver et aussi pour être en mesure de le manipuler, si besoin est, lorsqu’ils ne sont pas en état de pureté rituelle.  Certains s’assurent de le placer au-dessus de tout autre livre et de ne pas le laisser  traîner n’importe où.  Il est absolument interdit de l’amener dans un endroit où l’on se rend pour uriner ou déféquer, ou dans des endroits connus pour être impurs par nature (toilettes, dépotoirs, parcs où des troupeaux d’animaux sont rassemblés, égouts municipaux, etc.).  Même sa récitation n’est pas permise dans ces lieux.


Le langage du Coran

La vision coranique est intimement liée à la langue arabe, qui, tout comme l’hébreu et l’araméen (la langue parlée par Jésus), appartient à la famille des langues sémitiques.  Le Coran se définit lui-même comme une « écriture arabe », et son message s’agence dans la structure complexe de cette langue, une structure fondamentalement différente de celle de toute langue européenne.  La logique interne des langues sémitiques est très différente de celle des langues indo-européennes comme l’anglais, le latin, le sanscrit ou le persan (farsi).  Chaque mot arabe a une racine verbale de trois, quatre ou cinq consonnes à partir desquelles ont peut dériver jusqu’à douze modes et formes de verbes différents ainsi qu’un grand nombre de noms et d’adjectifs.  On appelle cela la racine trilitère (composée de trois consonnes) utilisée pour former des mots spécifiques par l’ajout de voyelles longues ou de voyelles courtes et par l’ajout de suffixes et de préfixes.  La racine en tant que telle est  « en dormance » – imprononçable – jusqu’à ce qu’elle  reprenne vie, en quelque sorte,  par la vocalisation.  C’est à partir de l’agencement des voyelles que se développe le sens de base des mots vers telle ou telle direction.  La racine a parfois été comparée à un « corps » dont la vocalisation constitue « l’âme ».  On a dit aussi que c’est à partir de la racine que croît le grand arbre de la signification, qu’il se développe et se ramifie.  Sans une compréhension approfondie du sens et des concepts reliés aux mots arabes, il est impossible d’apprécier la richesse des sens associés et de saisir l’étroite interdépendance des mots arabes qui est très manifeste dans le texte original; d’où l’extrême difficulté de traduire les mots en anglais (ou dans toute autre langue).


L’intérêt porté par les musulmans au sublime langage du Coran les a amenés vers l’étude de la grammaire et de la rhétorique, surtout lorsque les peuples non-arabophones se sont mis à embrasser l’islam en nombre grandissant et qu’il a fallu leur expliquer les particularités du langage de la révélation.  Parce qu’ils croyaient le Livre intraduisible, ces nouveaux convertis ont appris l’arabe ou, à tout le moins, sont devenus familiers avec l’alphabet arabe.  Souvent, cela a poussé des nations entières à adopter l’arabe comme langue maternelle, comme ce fut le cas de tous les pays arabes actuels à l’exception de la Péninsule arabe (dont c’était déjà la langue).  Cela a eu des répercussions considérables sur les autres langues telles que le farsi (persan), le turc, le malais et beaucoup d’autres langues, qui ont fini par adopter l’écriture arabe.  Les expressions coraniques et l’emprunt de versets coraniques se retrouvent aussi bien dans la grande littérature que dans les conversations quotidiennes, même dans celles des musulmans qui ne sont pas arabophones et des Arabes non-musulmans.

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