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La longanimité
29. la longanimité
anas ibn malik t a dit : « je marchais en compagnie du prophète r alors qu'il était vêtu d’un manteau nedjrânite, au bord épais. un bédouin l’approcha et le tira si fortement que le bord du manteau laissa une marque sur son cou. « donne-moi une partie du bien d’allah dont tu disposes », lui dit le bédouin. le prophète r se tournant vers lui, se mit à rire ; puis, ordonna qu’on lui donne quelque chose »[1].
sa patience peut également s'illustrer par cette histoire rapporté par zaïd ibn sa’na lui-même, l'érudit juif auprès de qui le prophète r avait contracté une dette :
« deux ou trois jours avant l'échéance, le prophète r sortit pour la prière funèbre d’un de ses auxiliaires (ansar) en compagnie d’abû bakr t, oumar t, ousmane t et bien d'autres compagnons. lorsqu’il eut accompli la prière funèbre, il alla s'asseoir près d'un mur. je vins alors le saisir par son vêtement en le fixant d’un air rude avant de lui dire : "muhammad, ne me rends-tu pas mon dû ? par allah, je ne vous connais pas, fils d’abdul muttalib, comme étant des gens qui ne respectent pas leurs échéances. je les ai fréquentés au point de les connaître !" a ces propos, je vis les deux yeux d'oumar ibn al khattab t sortir de leurs orbites sous l'effet de la colère, puis il me lorgna et dit : "ennemi d’allah, est-ce au messager d’allah r que tu t'adresses ainsi ? par celui qui l’a envoyé avec la vérité, n’eut été par crainte de ne pas entrer au paradis, j’aurai tranché ton cou avec mon sabre-ci." pendant ce temps, le messager d’allah r regardait oumar t avec calme et le sérénité, puis il dit : "en vérité, nous avions plus besoin d’apaisement de ta part que d’une telle réaction, ô oumar, [nous avions besoin] que tu ordonnes à chacun de nous de respecter son engagement vis-à-vis de l’autre. oumar, vas-y avec lui, rembourse lui son dû et donne lui en plus vingt sa’a en compensation de la frayeur que tu as suscitée chez lui. "
oumar t m’amena, me remboursa mon dû et me donna en plus vingt sa’a de dattes sèches. alors, je lui demandai : – c'est pourquoi ce surplus ? il répondit : – le messager d’allah r me l’a ordonné en compensation de la frayeur que j’ai suscitée chez toi. je lui demandai : – oumar, me connais-tu ? – non, dit-il, qui es-tu ? je lui dis : – je suis zaïd ibn sa’na. – l’érudit ? demanda-t-il. – oui, l’érudit répondis-je. – qu’est-ce qui t’a donc poussé à te comporter ainsi avec le messager ? ce à quoi je répondis : – ô oumar, j’ai reconnu tous les signes de la prophétie sur le visage du messager d’allah r lorsque je l’ai observé, sauf deux que je n’avais pas pu tester : sa patience l'éloigne de tout acte stupide et toute stupidité dirigée contre lui n’augmente que sa patience. j’ai testé ces deux signes et je te prends à témoin, ô oumar que j’agrée allah comme seigneur, l'islam comme religion et muhammad r comme prophète. je te prends également à témoin que je donne la moitié de ma richesse, et je suis le plus riche parmi eux, en aumône à la communauté de muhammad r. oumar t rectifia : – plutôt à une partie d’entre eux, car tu ne peux pas les satisfaire tous. et je repris : – a une partie d’entre eux. »
tous deux rentrèrent trouver le messager d’allah r et zaïd dit : « je témoigne qu’il n’y a point de divinité digne d’adoration en dehors d’allah et que muhammad est son serviteur et messager » il crut effectivement en lui, accepta sa mission et prit part à plusieurs batailles dont celle de tabouk au cours de laquelle l'ennemi eut raison de sa vie. – qu'allah lui accorde la miséricorde[2].
le moment où le prophète r entra victorieux à la mecque peut servir d'illustration parfaite de son pardon. en effet, il rassembla les gens qui lui avaient fait subir toutes sortes de préjudice et l'avaient poussé à l'exil, et leur tint ces propos : « que pensez-vous que je vais faire de vous ? » ils répondirent : – rien de mal. nous savons que tu es un frère gentil et généreux et fils d’un frère gentil et généreux lui aussi. il leur dit : – allez-vous en, vous êtes libres. faites comme vous voulez. »[3].
[1] al-boukhari, 2980
[2] sahih ibn hibban, 288
[3] al baïhaqi,