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Maman, j’ai décidé de suivre Allah

1925 2013/07/11 2024/12/18

Maman, j’ai décidé de suivre Allah

 

Le nombres de femmes occidentales qui se convertissent à l’islam augmente d’une manière très rapide. Kay Jardine s’est intéressée à leurs motivations.

 

Mauvais traitements, dépression et insomnie rendirent l’adolescence de Kimberley Mc Crindle particulièrement difficile. En raison des moqueries de ses camarades de classe sur son poids et sur son physique, cette étudiante de 19 ans eut le sentiment de ne pas être acceptée, elle s’est donc mise à chercher quelque chose qui la rendrait heureuse, un milieu qui lui ferait ressentir qu’elle y avait sa place.

Kimberley Mc Crindle est issue d’une famille athée ; par conséquent son premier contact avec une religion eut lieu lorsqu’elle commença des études religieuses au lycée de Penicuik ; elle se mit alors aller à l’église locale le dimanche. Mais elle ne connut pas les sentiments de paix intérieure et de bonheur qu’elle recherchait avant d’entrer à l’université d’Edimbourg, où elle se lia d’amitié avec des musulmans et découvrit l’islam.

«Je recherchais la paix intérieure» dit-elle. «J’avais eu un passé difficile ; ma période adolescente ne s’était pas bien passée : on me maltraitait à l’école, on me traitait de «grosse» et de « moche» et j’étais à la recherche de quelque chose qui me rendrait heureuse. J’ai alors essayé d’aller à l’église une fois par semaine mais je ne me considérais pas comme chrétienne ; j’étais juste intéressée ; mais ce n’était pas pour moi, je ne me sentais pas en paix là-bas.»

«Quand on entre dans une mosquée, on se sent vraiment en paix. Le fait de prier cinq fois par jour est quelque chose de vraiment déterminant ; cela vous donne un but dans la vie. Le Noble Coran est comme un guide qui nous aide : quand on le lit, on se sent mieux.»

Kimberley Mc Crindle est devenue musulmane il y a trois ans et est maintenant connue sous son nom arabe de femme mariée, Tasnim Salih. Elle fait partie d’un nombre en croissance rapide de femmes britanniques converties à l’Islam, que l’on estime être d’ailleurs la religion qui connaît la plus forte expansion dans le monde. Même s’il n’y a pas de statistiques officielles à ce sujet, nul doute que le nombre de convertis est en augmentation et que ce sont des femmes en majeure partie, selon Nicole Bourque, maître de conférences en anthropologie sociale à l’université de Glasgow et experte britannique en conversion islamique.

«Il y a sans arrêt de nouveaux convertis», dit-elle. «Selon moi, il y a probablement environ 200 convertis à l’Islam à Glasgow uniquement, mais c’est juste une estimation grossière. C’est difficile d’avoir des données précises.» Selon d’autres estimations, ce chiffre est plus proche de 500.

Le fait que l’islam attire les femmes libérées occidentales est un phénomène difficile à comprendre pour beaucoup de gens, notamment à cause du cliché répandu en occident selon lequel c’est une religion qui maltraite les femmes.

Un documentaire qui sera prochainement diffusé, intitulé «Maman, je suis musulman» aborde cette question par le biais d’interviews de convertis de Sheffield où ils parlent de leur expérience. Lors d’une avant-première à Glasgow, j’ai demandé à un groupe de convertis de Glasgow et d’Edimbourg ce qui les avait poussés à changer complètement de vie, y compris leur nom, pour devenir musulman.

Pour Bahiya Malik, une femme de 27 ans, ou Lucy Norris pour ses parents, c’est difficile à expliquer. Bahiya, qui vit à Edimbourg, sa sœur jumelle, Victoria, et leur frère, Matthew, ont grandi en tant que chrétiens pratiquants dans une région rurale des West Midlands ; ils suivaient des cours à l’école du dimanche d’une petite église, située au bout de la rue où ils habitaient. Quand ils ont grandi, ils ont cessé d’aller à l’église et il y a sept ans, à l’âge de 20 ans, Bahiya et sa sœur se sont toutes les deux converties à l’Islam, six mois après leur frère.

«Peut-être que notre adolescence n’avait pas été très heureuse. Je ne sais pas trop pourquoi. Je ne sais pas si nous sentions un manque quelque part ou si nous n’étions pas adaptés à notre environnement. Nous étions un petit peu timides, pas vraiment sociables» dit-elle. A l’époque, Bahiya suivait depuis deux ans des cours dans le domaine de la télévision et des médias, mais cela ne l’intéressait pas. Après s’être renseignée pendant six mois sur l’islam, Bahiya a compris que vivre selon les règles de l’islam était ce qui la rendrait heureuse, et, lors de la visite pleine d’émotions d’une mosquée londonienne, elle a prononcé la déclaration de foi.

«Je pense que c’est quelque chose que l’on ressent dans son cœur, cette appel» dit elle. «C’est difficile à exprimer avec des mots ; c’est comme si votre cœur parlait, quelque chose que vous ressentez en votre for intérieur et vous savez que c’est bien pour vous. Allah a choisi cela pour vous, cela dépasse votre pouvoir.»

Les femmes qui se convertissent à l’islam sont conscientes de la perception répandue en occident selon laquelle elles sont opprimées et victimes de discrimination ; mais elles affirment avec insistance que cela est faux. Pour nombre d’entre elles, c’est un cheminement spirituel qui, loin de les opprimer, améliore leur statut social et leur donne de nouveaux droits.

«On a le sentiment qu’on prend vraiment soin de nous» dit Tasnim. «Les hommes musulmans respectent vraiment les femmes musulmanes ; ils feraient n’importe quoi pour elles ; ils prennent soin d’elles et les protègent.» Bahiya déclare : «J’ai le sentiment que, comme nous cachons nos formes, nous ne sommes pas considérés comme des sex-symbols, et du fait que les gens ne peuvent plus nous juger selon notre apparence, ils sont obligés de nous juger en tant qu’êtres humains. Cela nous donne un grand sentiment de liberté.»

Par pudeur, de nombreuses femmes musulmanes ne se maquillent pas lorsqu’elles sortent de chez elle, et c’est souvent un aspect de leur ancienne vie que les nouvelles converties sont heureuses d’abandonner, car le fait de savoir que leur apparence ne compte pas leur donne le sentiment d’être libérées. Elles ne veulent pas se montrer telles qu’elles étaient avant leur conversion.

Hafsa Hashmi, qui habite Glasgow, s’est convertie il y a 24 ans ; elle avait l’impression que la vie des non musulmans se limitait  à essayer d’avoir aussi bien que ses voisins. Par contre, en islam, dit-elle : «Ce n’est pas le monde d’ici-bas que nous essayons d’acquérir, mais celui de l’au-delà. Pour certaines personnes, cela semble atroce : ils ne supportent pas de penser à la mort, alors que la croyance en l’au-delà est l’un des éléments essentiels de l’islam ; en effet vous savez que si vous faites de bonnes actions vous aurez une meilleure vie dans l’au-delà ; alors à quoi bon cette compétition pour obtenir les choses matérielles.»

Le fait de se convertir à l’islam implique en général un changement total de mode de vie pour ceux qui franchissent le pas : un nouveau régime alimentaire, souvent un nouveau nom arabe et l’organisation de son temps en fonction des cinq prières quotidiennes. Au travail, certains s’arrangent avec leur employeur pour avoir une pièce où ils peuvent être au calme pour prier. Où qu’ils soient dans le monde, tous les musulmans prient en direction de la Ka’ba, la Maison Sacrée de La Mecque.

Pour les femmes converties, cette expérience peut entraîner un changement radical d’apparence. Selon l’islam les femmes doivent faire preuve de pudeur en matière vestimentaire. Le hidjab, voile, est un aspect essentiel, mais qui peut être difficile à assumer pour les nouvelles musulmanes. Tasnim l’a tout de suite porté, en dépit du fait que cela lui faisait peur de le faire en public, car elle avait le sentiment que les gens la regardaient. Elle fut ensuite obligée de l’enlever quand elle sortait à cause des remarques dont elle faisait l’objet.

«Certains gens criaient "Retourne dans ton pays". Quelqu’un m’a craché dessus alors que j’attendais le bus à l’université !» Cependant, à présent, elle le porte en permanence ; «Les gens ne me disent rien maintenant et je me sens plus confiante pour le porter» dit-elle. Bahiya s’est sentie heureuse de le porter depuis le début, mais ses parents ont eu du mal à accepter cela. Elle dit que sa sœur, son frère et elle-même sont privilégiés car leurs parents ont bien pris leur conversion.

D’autres familles, cependant, ne sont pas toujours aussi conciliantes, souvent parce qu’elles ne savent pas grand-chose de l’islam, et des raisons qui ont poussé leurs chers proches à vouloir l’embrasser. Pour Tasnim, le fait d’annoncer sa conversion à ses parents, qui sont athées, était éprouvant. «Ils pensaient que c’était une crise passagère, mais quand j’ai commencé à porter le hidjab, ils ont compris que c’était sérieux. Ils ont commencé à se mettre en colère contre moi quand j’ai commencé à parler de mariage. Ils n’étaient pas très contents que celui que je voulais épouser soit plus âgé que moi, musulman et d’une autre nationalité.»

Même si Tasnim et sa mère sont restées proches et que leur relation est bonne, ils ont tendance à ne pas beaucoup parler de sa foi. Avec son père par contre, ils ne se parlent plus.

Pour ce qui est de Hafsa, annoncer sa conversion à ses parents il y a 24 ans était peut-être encore plus difficile parce que le fait de se convertir à l’islam était tout sauf courant. Ses parents ont réagi de manière totalement opposées. «Je pense que ma mère pensait que je m’étais convertie à cause de la personne que je voulais épouser, mais ce n’était pas le cas car j’avais connu l’islam quatre ans avant, même si je ne m’étais pas convertie avant mon mariage. Il lui a fallu pratiquement toute sa vie pour s’en remettre. Quand je me suis mariée ma maman m’a dit : "Si tu es heureuse, je le suis aussi", mais visiblement elle ne l’était pas. Mon père a dit la même chose, mais lui c’était vrai ; c’est ce qui fait la différence entre les deux.»

Tasnim est mariée à Sabir, un Soudanais, depuis deux ans, et elle dit qu’elle n’a jamais été aussi heureuse. «J’ai rencontré mon mari à l’université et cela semblait la bonne chose à faire. Je lui enseignais l’anglais et lui me parlait d’islam ; nous sommes alors tombés amoureux», dit-elle. Le mari de Bahiya, Sharafuddin, est également un converti, dont le nom était auparavant Cameron. Ils ont deux enfants, de deux et quatre ans.

La vie de Tasnim, Bahiya et Hafsa, est organisée en fonction des cinq prières quotidiennes ; elles n’ont pas le droit de manger certains aliments, ni de boire de l’alcool. Mais elles disent que leur ancienne vie ne leur manque pas du tout. «L’islam me suffit» dit Bahiya. «On n’a pas besoin d’autre chose une fois qu’on a trouvé l’islam !»

En devenant musulmane, Tasnim a trouvé le bonheur et le sentiment d’appartenance qu’elle recherchait. « C’est un changement total en matière de comportement et de façon de penser» dit-elle. «J’ai plus confiance en moi à présent, je suis plus heureuse et satisfaite

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