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LA VIE DE SACD IBN ABI WAQQAS

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2796 2014/05/24 2024/12/09

 

« Tire Sacd, tire ! Toi qui m’es plus cher que ma mère et mon père ! » [Muhammad, Messager d’Allah (e), encourageant Sacd à combattre l’ennemi, le jour d’Uhud].

 وَوَصَّيۡنَا ٱلۡإِنسَٰنَ بِوَٰلِدَيۡهِ حَمَلَتۡهُ أُمُّهُۥ وَهۡنًا عَلَىٰ وَهۡنٖ وَفِصَٰلُهُۥ فِي} عَامَيۡنِ أَنِ ٱشۡكُرۡ لِي وَلِوَٰلِدَيۡكَ إِلَيَّ ٱلۡمَصِيرُ ١٤ وَإِن جَٰهَدَاكَ عَلَىٰٓ أَن تُشۡرِكَ بِي مَا لَيۡسَ لَكَ بِهِۦ عِلۡمٞ فَلَا تُطِعۡهُمَاۖ وَصَاحِبۡهُمَا فِي ٱلدُّنۡيَا مَعۡرُوفٗاۖ وَٱتَّبِعۡ سَبِيلَ مَنۡ أَنَابَ إِلَيَّۚ ثُمَّ إِلَيَّ مَرۡجِعُكُمۡ فَأُنَبِّئُكُم بِمَا {كُنتُمۡ تَعۡمَلُونَ

 


« Nous avons commandé à l’homme [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. « Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi est la destination. Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas ; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez »[1] »

 


Derrière ces nobles versets, on retrouve une histoire magnifique et unique en son genre. Une histoire dans laquelle des sentiments contradictoires entrèrent en collusion chez un très jeune homme. Heureusement, le bien et la foi triomphèrent du mal et de la mécréance.


Le héros de l’histoire est un jeune homme parmi les plus nobles de la Mecque, fils de parents qui étaient considérés par leur peuple comme nobles parmi les nobles. Ce jeune homme c’est Sacd Ibn Abî Waqqâs (h).


Quand le soleil de la prophétie se mit à briller sur La Mecque, Sacd n’était qu’un tout jeune homme, sensible, très bon et très obéissant à ses parents. Il était en particulier, très attaché à sa mère.

 


Bien qu’il n’avait pas encore dix-sept printemps, il possédait la pondération des hommes murs ainsi que la sagesse des anciens.  Par exemple, il ne se sentait pas à l’aise avec les différentes distractions auxquelles les gens de son âge s’adonnaient. Il passait plutôt son temps à affûter les flèches, à ajuster les arcs, et il s’entrainait à tirer, comme s’il se préparait à quelque chose de grandiose. Il ne s’est jamais senti à l’aise non plus avec la croyance corrompue, et l’état catastrophique dans lequel il trouva son peuple.

 


Au point que c’est comme s’il attendait qu’une main forte, ferme mais dans le même temps, douce, leur soit tendue, afin de les sortir des ténèbres dans lesquelles ils se débattaient.

 

 

 

Et pendant qu’il en était ainsi, Allah (b) décida d’honorer l’humanité toute entière, de cette main douce et constructrice. Cette main n’est autre que celle de la meilleure des créatures, Muhammad Ibn cAbdillah (e), qui apportait la lumière divine qui  jamais ne s’éteint : le Livre d’Allah.


Sacd Ibn Abî Waqqâs répondra tellement vite à l’appel de la guidée et de la vérité, que ce sera l’un des trois ou quatre premiers à se convertir. Souvent il disait avec fierté : « Pendant sept jours, je représentais le tiers de l’Islam ! ».


Le Messager d’Allah (e) fut très heureux de la conversion de Sacd car ce dernier avait, depuis l’enfance, montré des signes d’intelligence et les prémices d’une force et d’une virilité qui annonçaient que cette nouvelle lune serait très prochainement pleine.


En outre, la noble ascendance et le statut social élevé de Sacd furent des facteurs qui incitèrent les jeunes Mecquois à suivre son exemple. Et par-dessus tout cela, il était l’oncle maternel du Prophète (e). Il était en effet, de Banû Zuhrah dont Âminah Bint Wahb, la mère du prophète (e) faisait partie.


Il (e) était très fier de cette parenté qui les liait. Il fut rapporté qu’une fois, il était assis avec un petit groupe de ses compagnons quand il vit que Sacd venait vers eux. Il leur dit alors : « Voici mon oncle, que l’un de vous me montre le sien ».

 


 

Cependant, la conversion de Sacd Ibn Abî Waqqâs à l’Islam ne fut pas des plus aisées. Bien au contraire, le jeune fut soumis à une terrible expérience, si dure, qu’Allah (c) a révélé des versets coraniques à ce sujet.


Pour le moment, laissons Sacd nous raconter avec ses propres mots cette expérience tout à fait particulière :


« Trois nuits avant d’embrasser l’Islam », dit-il, « je me vis en songe, noyé dans des ténèbres superposées. Alors que je me débattais dans ses profondeurs, la lumière de la lune m’éclaira. Je la suivis et vis un petit groupe qui avait atteint la lune avant moi. Il y avait Zayd Ibn Al-Hârithah, cAlî Ibn Abî Tâlib et Abû Bakr As-Siddîq.


- Depuis combien de temps êtes-vous là? leur ai-je demandé.

- « Depuis un instant seulement. » répondirent-ils.


Au lever du jour, j’appris que le Messager d’Allah (e) appelait secrètement les gens à l’Islam. J’ai alors compris qu’Allah me voulait du bien et qu’Il désirait, par l’intermédiaire de Son Prophète, me sortir des ténèbres et me conduire vers la lumière. Aussi, je me précipitai chez lui et le trouvai à la vallée de Jiyâd (une des vallées de la Mecque) venant juste de prier le cAsr. Je déclarai alors ma conversion à l’Islam. Personne ne m’avait précédé à cela sauf ceux que j’avais vus en rêve ».


Sacd continua son récit et dit : « Quand ma mère  apprit que j’étais devenu musulman, elle entra dans une grande colère. J’avais toujours été un enfant obéissant et aimant. Elle vint vers moi et me dit :


- « Sacd. Qu’est-ce que c’est que cette religion que tu as embrassé et qui t’a détourné de la religion de ton père et de ta mère ? Par Allah, tu vas délaisser cette nouvelle religion sinon, je ferai la grève de la faim jusqu’à en mourir. Tu auras ainsi le cœur brisé, tu seras rongé par le remords et les gens te critiqueront à jamais. »


- « Ne fais pas cela, Maman, lui dis-je, rien ne me fera abandonner ma foi. »


Elle mit cependant sa menace à exécution et refusa de manger et de boire. Pendant plusieurs jours elle demeurera ainsi sans boire ni manger. Bientôt, elle devint faible et commença à perdre du poids. Je me mis alors à la visiter régulièrement, la priant d’avaler quelque chose ou de boire un peu. Mais elle refusait catégoriquement et jurait qu’elle ne mangerait ni ne boirait jusqu’à ce qu’elle meure ou que je quitte ma religion. Alors je lui dis :


- « Mère, je t’aime énormément, mais j’aime plus encore Allah et Son Messager. Par Allah, si tu avais mille vies et que tu les perdais l’une après l’autre, cela ne me ferait pas pour autant abandonner ma religion ». Alors, voyant que j’étais sérieux, elle se résigna à accepter la réalité et se remit, à contrecœur, à s’alimenter ». Allah  (b) a alors révélé le verset :


« Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable[2]. »

 

 

 

Le jour où Sacd Ibn Abî Waqqâs (h) est devenu musulman fut l’un des plus beaux jours pour les Musulmans.


Aussi, le jour de la bataille de Badr, lui et son frère cUmayr auront une attitude mémorable. cUmayr était un jeune homme à peine pubère. Quand le Messager (e) se mit à examiner les rangs de l’armée musulmane avant la bataille, le petit frère de Sacd se fit discret pour éviter que le Prophète (e) ne le remarque et le renvoie en raison de son jeune âge. Malheureusement pour lui, le Prophète (e) le vit et le renvoya. Le pauvre cUmayr se mit alors à pleurer. Il pleura tellement que le Prophète (e) eut pitié de lui et l’autorisa finalement à combattre. Heureux pour son frère cadet, Sacd s’approcha de lui et, du fait de son jeune âge, lui attacha fermement son baudrier. Puis les deux frères s’élancèrent et combattirent dans le sentier d’Allah de manière exemplaire. Après la bataille, c’est seul que Sacd retournera à Médine. Son jeune frère (h), il le laissera, martyr sur le champ de bataille, espérant la récompense d’Allah pour sa perte.

 

 

 

Lors de la bataille d’Uhud, quand les musulmans furent sévèrement affaiblis et qu’ils fuirent en laissant le Prophète (e) jusqu’à ce qu’il ne restât pas même dix hommes pour le protéger, Sacd lui, resta ferme défendant le Prophète (e) avec son arc et ses flèches.


Chaque flèche qu’il tirait atteignait mortellement son ennemi. Quand le Messager (e) le vit tirer de cette manière, il se mit à l’encourager en disant : « Tire Sacd, tire ! Toi qui m’est plus cher que ma mère et mon père ! »


Sacd se prévaudra toute sa vie de cette parole et dira même : « Je suis le seul pour lequel le Prophète sacrifierait ses deux parents ! ».

 


 

Plus tard, Sacd atteint le sommet de son héroïsme, quand « Al-Fârûq » cUmar (h) décida d’entrer en guerre contre les Perses, une guerre qui avait pour but de détruire leur état, d’abolir leur règne et d’éradiquer le paganisme de la surface de la terre.


Le calife musulman envoya donc des missives à tous les gouverneurs musulmans des diverses contrées du califat, leur demandant de lui envoyer toute personne possédant une arme, un cheval, toute personne pouvant aider, donner des conseils, ayant un talent de poète, d’orateur ou toute autre chose pouvant servir dans la bataille.


Les délégations des combattants (mujâhidines) se mirent alors à affluer de toutes parts vers Médine. Quand ils furent au complet, Al-Fârûq  consulta les dirigeants religieux pour savoir qui il mettrait à la tête de la grande armée. D’une seule voix, tous déclarèrent : « Le lion qui attaque » : Sacd Ibn Abî Waqqâs. cUmar le fit alors venir et lui remit l’étendard de guerre. Quand l’armée fut sur le point de quitter Médine, cUmar dit au revoir à son général et lui fit une recommandation :

 


« Sacd, ne sois pas abusé par le fait que l’on dise que tu es l’oncle du Messager d’Allah et son Compagnon. Allah n’efface pas le mauvais par le mauvais, mais Il efface le mal par la bonne action. Sacd, personne n’a de lien privilégié avec Allah si ce n’est par l’obéissance. Au regard de Dieu les hommes, nobles ou humbles, sont égaux. Il est leur Seigneur et ils sont Ses serviteurs. Ils se distinguent par la piété et obtiennent la récompense d’Allah par l’obéissance. Regarde donc ce sur quoi était le Prophète et astreins-toi à cela car c’est bien la seule façon d’agir ».

 


L’armée bénie se mit en marche avec en son sein quatre-vingt-dix-neuf anciens combattants de Badr, trois cents et une douzaine d’hommes qui avaient accompagné le Messager (e) depuis le serment d’allégeance à Al-Hudaybiyah, trois cents qui avaient accompagné le Messager d’Allah (e) lors de la libération de La Mecque et sept cents fils de compagnons.


Sacd avança et établit le camp de son armée à Al-Qâdisiyah (endroit situé à quinze parasanges[3] de Koufa. C’est là-bas, que la bataille décisive entre les Musulmans et les Perses eut lieu en l’an 16 de l’Hégire et que les Musulmans y remportèrent une immense victoire dont la Perse ne se relèvera jamais).


Le troisième jour de la bataille - connu sous le nom du « jour des grondements », c’est aussi le dernier jour de la bataille d’Al-Qâdisiyah, il fut surnommé ainsi car en raison de la violence des combats - les Musulmans furent déterminés à en finir pour de bon. Ils encerclèrent leurs ennemis et les cernèrent de toutes parts. Puis, ils transpercèrent leurs rangs de en criant : « Il n’y a de divinité qu’Allah, Allah est le plus grand ».

 


Et finalement, voilà la tête du général perse Roustoum, le chef de l’armée perse brandie par les lances des Musulmans. L’effroi et la terreur pénétraient le cœur des ennemis d’Allah, au point que les Musulmans n’avaient qu’à désigner un soldat perse pour venir ensuite le tuer. Parfois même, ils le tuaient avec sa propre arme. Quant au butin, n’en parlons même pas. Les pertes ennemies ? Sache que la seule part de ceux qui sont morts noyés atteignit les trente mille.

 


 

Après cela, Sacd vivra longtemps, et Allh lui donnera beaucoup de biens. Cependant, quand il sentira la mort arriver, il demandera qu’on lui apporte son vieux manteau de laine, et dira: « Enveloppez-moi dedans, j’aimerais rencontrer Allah (b) avec. Je le portais quand j’ai combattu les païens le jour de Badr ».

 



[1] S.31, v.14-15.

[2] S.31, v.15.

[3] Le parasange est une ancienne unité de distance perse correspondant à environ 5,6 kms. C’était la distance qu’on pouvait parcourir à pied en une heure. Cette unité fut la principale unité de mesure des distances en Perse jusqu’à une époque récente.

 

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