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L’épée de Mohammed (partie 1 de 2)

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2137 2015/05/09 2024/12/18

Depuis l’époque où les empereurs romains jetaient les chrétiens aux lions, les relations entre les empereurs et les responsables de l’Église ont connu de profondes modifications.


Constantin le Grand, proclamé empereur romain en 306, encourageait la pratique du christianisme, au sein de l’empire, qui incluait alors la Palestine.  Des siècles plus tard, l’Église se divisa en deux parties : l’orientale (orthodoxe) et l’occidentale (catholique).  À l’Ouest, l’évêque de Rome, auquel on donna le titre de Pape, exigea que sa supériorité soit reconnue par l’empereur.


La lutte incessante entre les empereurs et les papes joua un rôle central dans l’histoire de l’Europe et divisa les peuples.  Certains empereurs démirent des papes de leurs fonctions et des papes allèrent jusqu’à excommunier des empereurs.  L’empereur Henry IV, en pénitence à Canossa, se tint trois jours durant, pieds nus dans la neige, devant le château du Pape, jusqu’à ce que ce dernier daigne annuler l’excommunication qu’il avait prononcée contre lui.


Mais il y eut certaines périodes où les empereurs et les papes vécurent sans animosité.  D’ailleurs, c’est le cas de nos jours.  En effet, entre le pape actuel, Benoît XVI, et celui qui présidait les États-Unis avant l’actuel président, c’est-à-dire George Bush II, il existait une parfaite harmonie.  L’un des discours du pape, qui souleva une tempête au niveau mondial, allait parfaitement de pair avec la croisade de Bush contre « l’islamofascisme », dans le contexte du « choc des civilisations ».


Dans ce discours, prononcé dans une université allemande, le 265e pape a décrit ce qu’il considère comme une énorme différence entre le christianisme et l’islam : tandis que, selon lui, le christianisme est basé sur la raison, l’islam la nie.  Tandis que les chrétiens comprennent la logique derrière les actions de Dieu, les musulmans nient toute logique derrière ces actions.


En tant que juif athée, je n’avais pas l’intention de me jeter dans la mêlée.  Car comprendre la logique du pape se situe bien au-delà de mes humbles capacités.  Mais il y a un passage de son discours que je ne peux tout simplement pas ignorer, car il me concerne, en tant qu’Israélien vivant près de la faille de cette « guerre des civilisations ».


Pour tenter de démontrer l’absence de raison dans l’islam, le pape a affirmé que le prophète Mohammed aurait ordonné à ses fidèles de propager la religion par l’épée.  Selon le pape, il s’agit là d’une méthode déraisonnable, car la foi vient de l’âme et non du corps.  Alors comment l’épée peut-elle influencer l’âme?

Pour soutenir ses propos, le pape a poursuivi en citant un empereur byzantin qui appartenait, évidemment, à l’Église orientale orthodoxe.  À la fin du 14e siècle, l’empereur Manuel II Paléologue fit référence à un débat qu’il avait eu (ou du moins le prétendait-il, car il s’agit d’un fait qui n’a pas été démontré hors de tout doute) avec un érudit musulman d’origine persane (qu’il ne nomme pas).  En plein cœur du débat, l’empereur (selon ses dires) lança ces paroles à son adversaire :


« Montrez-moi ce que Mohammed a apporté de nouveau, et vous ne trouverez que des choses mauvaises et inhumaines, telles que son ordre de propager sa religion par l’épée. »

Ces paroles soulèvent quelques questions :

(a)  Pourquoi l’empereur les a-t-il prononcées?

(b)  Sont-elles vraies?

(c)  Pourquoi le pape actuel les a-t-il citées?

Lorsque Manuel II rédigea son traité, il était à la tête d’un empire moribond.  Il avait prit le pouvoir en 1391, alors qu’il ne restait que quelques provinces de cet empire autrefois illustre.  Et ces dernières se trouvaient elles aussi sous la menace turque.


À cette époque, les Turcs ottomans avaient atteint les rives du Danube.  Ils avaient conquis la Bulgarie et le Nord de la Grèce, et avaient défait à deux reprises les armées envoyées par l’Europe pour sauver l’empire oriental.  Le 29 mai 1453, à peine quelques années après la mort de Manuel, sa capitale, Constantinople (aujourd’hui Istanbul) tomba aux mains des Turcs, mettant ainsi un terme à l’Empire qui avait duré plus de mille ans.


Au cours de son règne, Manuel avait fait la tournée des capitales d’Europe pour tenter d’obtenir du soutien.  Il promit de réunir l’Église.  Il ne fait aucun doute qu’il écrivit sont traité religieux dans le but de monter les pays chrétiens contre les Turcs et de les convaincre d’entreprendre une nouvelle croisade.  L’objectif était purement pratique : la théologie au service de la politique.


En ce sens, la citation rapportée plus haut servait parfaitement les objectifs de l’empire de George Bush II.  Il voulait, lui aussi, unir le monde chrétien contre le monde musulman, le prétendu « axe du mal ».  De plus, les Turcs frappent à nouveau aux portes de l’Europe, mais cette fois, de façon pacifique.  Il est bien connu que le présent pape soutient totalement ceux qui s’opposent à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne.

Y aurait-il quelque vérité dans les arguments de Manuel?[1]



Footnotes:

[1] Note : les opinions et points de vue de cet auteur ne sont pas toutes soutenues par Islamreligion, ni par l’islam – IslamReligion

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