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Cinquième signe : La crainte d’Allah aussi bien en public qu’en secret

6279 2013/09/30 2024/11/17

La crainte d’Allah  est l’une des plus majestueuses caractéristiques des gens la foi.

Allah  a dit :

 إِنَّمَا ٱلۡمُؤۡمِنُونَ ٱلَّذِينَ إِذَا ذُكِرَ ٱللَّهُ وَجِلَتۡ قُلُوبُهُمۡ وَإِذَا تُلِيَتۡ عَلَيۡهِمۡ ءَايَٰتُهُۥ زَادَتۡهُمۡ إِيمَٰنٗا وَعَلَىٰ} {رَبِّهِمۡ يَتَوَكَّلُونَ

« Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent de crainte quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leurs sont récités, cela augmente leur foi. Et ils placent leur confiance en leur Seigneur[1]. »

Et Il (b) a dit par ailleurs :

{ وَبَشِّرِ ٱلۡمُخۡبِتِينَ ٣٤ ٱلَّذِينَ إِذَا ذُكِرَ ٱللَّهُ وَجِلَتۡ قُلُوبُهُمۡ }

« Et fais bonne annonce à ceux qui s’humilient, ceux dont les cœurs frémissent de crainte quand le nom d’Allah est mentionné[2]. »

En effet, la crainte d’Allah , aussi bien en secret qu’en public, est parmi les plus grands signes révélateurs de la servitude, l’indigence et la dépendance que l’on éprouve pour Allah.

Quiconque connaît Allah par Ses noms sublimes et Ses nobles attributs, prend conscience de Sa grandeur, Sa puissance, Son autorité irrésistible, Sa surveillance continue due au fait que Ses yeux ne dorment jamais et L’estime à Sa juste valeur, Le craindra alors de manière véritable.

C’est pourquoi Allah a dit :

{ وَلِمَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ جَنَّتَانِ }

« Et par celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux jardins[3]. »

Et Il a dit :

{ وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ وَنَهَى ٱلنَّفۡسَ عَنِ ٱلۡهَوَىٰ ٤٠ فَإِنَّ ٱلۡجَنَّةَ هِيَ ٱلۡمَأۡوَىٰ }

« Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme de la passion, le Paradis sera alors son refuge[4]. »

Il a dit aussi :

{ ذَٰلِكَ لِمَنۡ خَافَ مَقَامِي وَخَافَ وَعِيدِ }

« Cela sera pour celui qui craint de comparaître devant Moi et craint Ma menace[5]. »

Quiconque atteint cet état aura toujours le cœur attentif, tremblera sans cesse de crainte et d’effroi et maintiendra en permanence une relation privée avec son Seigneur afin qu’Il le protège et le secoure dans sa détresse d’humble et pauvre serviteur.

Allah  a dit :

 أَمَّنۡ هُوَ قَٰنِتٌ ءَانَآءَ ٱلَّيۡلِ سَاجِدٗا وَقَآئِمٗا يَحۡذَرُ ٱلۡأٓخِرَةَ وَيَرۡجُواْ رَحۡمَةَ رَبِّهِۦۗ قُلۡ هَلۡ يَسۡتَوِي ٱلَّذِينَ} {يَعۡلَمُونَ وَٱلَّذِينَ لَا يَعۡلَمُونَۗ

« Est-ce que celui qui reste en dévotion, aux heures de la nuit, prosterné et debout, prenant garde à l’au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur (est meilleur ou est-ce celui qui mécroit en Allah) ? Dis : « Sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?[6] »

Et Il  a dit :

{ تَتَجَافَىٰ جُنُوبُهُمۡ عَنِ ٱلۡمَضَاجِعِ يَدۡعُونَ رَبَّهُمۡ خَوۡفٗا وَطَمَعٗا }

 « Ils s’arrachent de leurs lits pour invoquer leur Seigneur, par crainte et espoir[7]. »

Il a dit aussi :

{ وَٱلَّذِينَ يَبِيتُونَ لِرَبِّهِمۡ سُجَّدٗا وَقِيَٰمٗا }

« Et ceux qui passent leurs nuits prosternés et debout devant leur Seigneur[8]. »

Al-Hasan Al-Basrî a dit :

« Des larmes coulent sur leurs joues de crainte pour leur Seigneur[9]. »

Médite avec moi la parole du Véridique  :

 قُلۡ ءَامِنُواْ بِهِۦٓ أَوۡ لَا تُؤۡمِنُوٓاْۚ إِنَّ ٱلَّذِينَ أُوتُواْ ٱلۡعِلۡمَ مِن قَبۡلِهِۦٓ إِذَا يُتۡلَىٰ عَلَيۡهِمۡ يَخِرُّونَۤ لِلۡأَذۡقَانِۤ} سُجَّدٗاۤ ١٠٧ وَيَقُولُونَ سُبۡحَٰنَ رَبِّنَآ إِن كَانَ وَعۡدُ رَبِّنَا لَمَفۡعُولٗا ١٠٨ وَيَخِرُّونَ لِلۡأَذۡقَانِ يَبۡكُونَ وَيَزِيدُهُمۡ
{خُشُوعٗا۩

 « Dis : « Croyez-y ou n’y croyez pas. Ceux à qui la connaissance a été donnée avant cela, lorsqu’on le leur récite, s’effondrent en prosternation, le menton contre terre et disent : « Gloire à notre Seigneur ! La promesse de notre Seigneur est assurément accomplie. Et ils s’effondrent sur leur menton en pleurs et cela augmente leur humilité[10]. »

Voici donc une illustration du sentiment de dépendance totale envers Allah , ainsi qu’une manifestation de l’abandon du serviteur devant Lui avec humilité et repentir.

Sayid Qutb[11] a dit au sujet de ce verset :

« Ils ne peuvent se retenir. Ils ne se prosternent pas mais « s’effondrent en prosternation le menton contre terre » ; puis leurs langues se dénouent pour exprimer le bouleversement émotif qu’ils ont éprouvé après avoir réellement perçu et compris la grandeur d’Allah et la véracité de Sa promesse. Ils disent alors : « Gloire à notre Seigneur ! La promesse de notre Seigneur est assurément accomplie. » L’intensité des émotions qu’ils éprouvent prend le dessus sur leurs personnes au point que les mots ne puissent se révéler suffisants pour traduire ce qui agite leurs poitrines. C’est alors que les larmes ruissellent de leurs yeux pour exprimer cette émotion débordante que nulle parole ne peut décrire avec exactitude. »

En outre, la condition exigée pour que la crainte soit véritablement authentique est qu’elle soit éprouvée secrètement. De fait, à cet instant, le cœur se lie uniquement à Allah et ne se détourne aucunement vers autre que Lui.

Allah a dit :

{ إِنَّ ٱلَّذِينَ يَخۡشَوۡنَ رَبَّهُم بِٱلۡغَيۡبِ لَهُم مَّغۡفِرَةٞ وَأَجۡرٞ كَبِيرٞ }

« Ceux qui redoutent leur Seigneur en secret auront un pardon et une grande récompense[12]. »

Et Il  a dit :

{ ٱلَّذِينَ يَخۡشَوۡنَ رَبَّهُم بِٱلۡغَيۡبِ وَهُم مِّنَ ٱلسَّاعَةِ مُشۡفِقُونَ }

« Ceux qui craignent leur Seigneur en secret, et redoutent l’Heure[13]. »

Il  a dit aussi :

 وَأُزۡلِفَتِ ٱلۡجَنَّةُ لِلۡمُتَّقِينَ غَيۡرَ بَعِيدٍ ٣١ هَٰذَا مَا تُوعَدُونَ لِكُلِّ أَوَّابٍ حَفِيظٖ ٣٢ مَّنۡ خَشِيَ ٱلرَّحۡمَٰنَ} {بِٱلۡغَيۡبِ وَجَآءَ بِقَلۡبٖ مُّنِيبٍ

« Le Paradis sera rapproché à proximité des pieux. Voilà ce qui vous a été promis, ainsi qu’à tout homme plein de repentir et respectueux des prescriptions divines ; qui redoute le Tout Miséricordieux en secret et qui vient vers Lui avec un cœur entièrement porté à l’obéissance[14]. »

Et dans un hadith authentique, le messager d’Allah  a dit :

« Sept types de personnes seront couvertes de l’ombre d’Allah le jour où il n’y aura d’ombre que la Sienne […] en évoquant parmi eux : […] un homme qui a invoqué Allah en étant seul et ses yeux se sont mis à déborder de larmes. »

Le grand savant Ibn Hajar a dit en commentant ce hadith :

« Le terme « en étant seul » (« khâliyan ») provient du substantif « al-khuluw » qui signifie : la solitude et l’isolement. En effet, à cet instant le serviteur est loin de toute ostentation. Et en réalité, le sens du mot (« khâliyan  ») implique d’être à l’abri de tourner son attention vers autre qu’Allah, même si on est entouré de gens[15]. »

Par ailleurs, la peur d’Allah (b) est, de toute évidence, un acte du cœur qui incite le serviteur à se diriger vers l’adoration d’Allah avec plein d’ardeur, d’enthousiasme et de sérieux.

A ce propos, le messager d’Allah  a dit :

« Quiconque craint prend la route dès la tombée de la nuit. Et quiconque prend la route dès la tombée de la nuit parvient à destination[16]. »

C’est pourquoi le grand savant cUbaydullah Ibn Jacfar a dit :

« Il n’y a pas mieux que la crainte d’Allah pour assister un serviteur dans sa religion[17]. »

En effet, la réalité de cet acte du cœur se traduit clairement à travers les membres. On retrouve cela dans le hadith des sept types de personnes qui seront couvertes de l’ombre d’Allah : « […] Et un homme qu’une femme de haut rang et d’une grande beauté a convié à l’adultère, et qui a répondu : « Certes, je crains Allah. » »

L’acte de désobéissance s’est présenté à lui dans sa beauté la plus fascinante et son charme le plus ravissant et captivant. Et bien qu’il ne soit qu’un homme comme les autres, c’est uniquement la crainte d’Allah (b) qui a pu l’empêcher d’accomplir cette désobéissance.

Dans un cas similaire, on retrouve le hadith qui relate l’histoire de trois hommes qui se retrouvèrent bloqués dans une grotte par un gigantesque rocher.

Ils se dirent alors :

« Rien ne nous débarrassera de ce rocher à moins que nous n’invoquions Allah en faisant valoir nos bonnes actions. L’un d’eux prit la parole et dit : 

« Ô Allah ! Tu sais que j’avais une cousine que j’aimais de la plus vive passion qu’un homme puisse ressentir pour une femme. Je la sollicitai de se livrer à moi, mais elle refusa jusqu’à une certaine année où, éprouvée par la disette et la famine, elle vint me trouver et me demanda en échange cent vingt dinars (pièces d’or). Dès lors, je me précipitai pour récolter toute la somme et lui donnai enfin. Elle l’accepta mais au moment où j’allais abuser d’elle en me plaçant entre ses jambes, elle me dit : « Crains Allah et ne brise ce qui est scellé que si tu en as le droit ! » Aussitôt, je m’abstins de tout contact avec elle, et la quittai bien qu’elle fût la personne que j’aimais le plus au monde.

Ô Allah ! Si tu sais que j’ai agi de la sorte uniquement dans le désir de contempler Ton Visage, alors délivre-nous de la situation dans laquelle nous sommes…[18]»

Dans une autre version de cette histoire, il dit :

« Ô Allah ! Si tu sais que j’ai agi de la sorte uniquement par crainte de Toi, alors délivre-nous de la situation dans laquelle nous sommes…[19] »

Assurément, cette femme affaiblie s’est soumise à lui et n’a rien trouvé d’autre pour se délivrer de son emprise que de lui rappeler qu’il devait craindre Allah (b). Alors, le cœur de son cousin s’est réveillé et s’est rempli de crainte d’Allah ; et cela a érigé un rempart entre lui et la désobéissance.

Et parmi les plus belles paroles que j’ai pu lire au sujet de la définition de la crainte d’Allah, il y a celle de Sacid Ibn Jubayr :

« Certes, la crainte (« al-khashyah ») consiste à ce que tu redoutes Allah au point que ta peur dresse un rempart entre toi et la désobéissance. Telle est la véritable crainte d’Allah[20]. »



[1] [S. 8, v. 2]

[2] [S. 22, v. 34-35]

[3] [S. 55, v. 46]

[4] [S. 79, v. 40-41]

[5] [S. 14, v. 14]

[6] [S. 39, v. 9]

[7] [S. 32, v. 16]

[8] [S. 25, v. 64]

[9] « Al-Khushuc fi As-Salât » (p. 31).

[10] [S. 17, v. 107-109]

[11] «  Zhilâl Al-Qur’ân » de Sayid Qutb (vol. 5/p. 2254).

NdR : nous attirons l’attention de nos nobles lecteurs sur le fait que citer une parole bénéfique d’un auteur n’implique pas forcément d’être en accord avec l’ensemble de ses prises de positions sur d’autres questions.

[12] [S. 67, v. 12]

[13] [S. 21, v. 49]

[14] [S. 50, v. 31-33]

[15] « Fath Al-Bârî » (vol. 2/p. 147).

[16] Rapporté par At-Tirmidhi (2450) et Al-Hâkim qui a jugé sa chaîne de transmission authentique et qui a été suivi dans cet avis par Adh-Dhahabî. Jugé authentique par Al-Albânî dans « Sahîh Al-Jâmic ».

NdR : voici une métaphore dans laquelle le prophète (g) compare la vie d’ici-bas à un voyage à destination de l’au-delà. Il nous montre que quiconque craint Allah et l’au-delà prendra naturellement ses précautions en religion. Et quiconque se montre scrupuleux en religion parviendra alors à la demeure qu’il souhaite atteindre, autrement dit le Paradis.

[17] « Siyar Aclâm An-Nubalâ’ »  (vol. 6/p. 9).

[18] Rapporté par Al-Bukhârî (2215) et Muslim (2743).

[19] Rapporté par Al-Bukhârî (3465).

[20] « Hilyat Al-Awliyâ’ » (vol. 4/p. 276) et « Siyar Aclâm An-Nubalâ’ » (vol. 4/p. 326).

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