Recherchez
Introduction
Parmi les particularités les plus significatives de la servitude [des créatures envers leur Seigneur], on retient le sentiment de dépendance absolue à l’égard d’Allah le Très Haut. Cela correspond à « la nature même de l’adoration et à son essence[1] ».
Allah (c) a dit :
{ يَٰٓأَيُّهَا ٱلنَّاسُ أَنتُمُ ٱلۡفُقَرَآءُ إِلَى ٱللَّهِۖ وَٱللَّهُ هُوَ ٱلۡغَنِيُّ ٱلۡحَمِيدُ }
« Ô humains ! C’est vous qui êtes dépendants d’Allah alors qu’Allah, Lui, Se passe de tout et Il est le Digne de Louanges[2]. »
Il (c) a dit, au sujet du récit de Mûsâ [Moïse] (n), [dans lequel ce dernier invoque Allah par les termes suivants] :
{ رَبِّ إِنِّي لِمَآ أَنزَلۡتَ إِلَيَّ مِنۡ خَيۡرٖ فَقِيرٞ }
« Seigneur, j’ai un grand besoin du bien que Tu feras descendre vers moi[3]. »
L’imam Ibn Al-Qayyim (r) a défini la dépendance envers Allah par les paroles suivantes :
« La réalité de la dépendance, c’est de ne pas appartenir à ton âme et de ne pas lui accorder une quelconque part de ta personne, mais plutôt d’être totalement dépendant d’Allah. En effet, si tu appartiens à ton âme, alors tu auras l’impression d’avoir le droit de posséder et naturellement tu auras l’impression de te suffire à toi-même, ce qui s’oppose à la notion de dépendance ».
Il a également dit à ce sujet :
« La vraie indigence, c’est de se sentir totalement dépendant d’Allah en toute circonstance ; et le fait que le serviteur ait parfaitement conscience que chaque atome apparent ou caché de son être est dans le besoin le plus total vis-à-vis d’Allah (b), et ce de tout point de vue[4] ».
Par conséquent, la dépendance envers Allah (e) consiste à ce que le serviteur débarrasse son cœur de tous ses plaisirs et passions afin de se diriger complètement vers son Seigneur (f) en s’humiliant devant Lui, en se soumettant pleinement à Son ordre et à Son interdit, le cœur fortement lié d’amour et d’obéissance.
Allah (c) dit à ce propos :
{ قُلۡ إِنَّ صَلَاتِي وَنُسُكِي وَمَحۡيَايَ وَمَمَاتِي لِلَّهِ رَبِّ ٱلۡعَٰلَمِينَ }
« Dis : « En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah le Seigneur de l’univers[5]. » »
Yahyâ Ibn Mucâdh (h) a expliqué le terme « Nusuk » cité dans le verset [NdR : traduit par « actes de dévotion »] de la manière suivante : « C’est le fait de se montrer plein d’égards vis-à-vis des pensées intimes et des actes cachés et de chasser du cœur tout autre qu’Allah (b)[6] ».
Et quiconque médite sur l’ensemble des adorations – qu’elles soient effectuées par le cœur ou les membres – constatera à coup sûr que la dépendance envers Allah est le facteur commun qui relie chacune d’entre elles. Ainsi, en fonction du sentiment de dépendance éprouvé par l’adorateur envers Allah, celui-ci en ressentira les effets dans son cœur de même que ses bénéfices ici-bas et dans l’au-delà.
Pour comprendre cela, il te suffit de méditer sur la prière, qui constitue le plus grandiose des piliers de l’Islam si l’on ne considère que les actes du corps. En effet, l’adorateur croyant s’y tient devant son Seigneur avec tranquillité, humilité et soumission, la tête baissée, le regard fixé sur l’endroit où il se prosternera. Puis, il entame sa prière en disant « Allahu Akbar » [NdT : « Allah est plus Grand »], proclamant ainsi de manière claire et évidente la grandeur d’Allah l’Unique, et libérant son esprit de tout sentiment de grandeur – que pourrait lui conférer un rang hiérarchique, une belle demeure ou toute autre situation qui pourrait l’éloigner d’Allah.
Ensuite, il poursuit sa prière avec le degré le plus ultime d’humilité et de dépendance envers Allah, qui se manifeste lorsque l’adorateur s’incline pour son Seigneur, la tête baissée puis à même le sol, le front prosterné et couvert de poussière, implorant Allah de lui accorder Sa protection et d’accepter son repentir.
C’est pour cette raison que l’inclinaison est un moment où il est prescrit de proclamer la grandeur d’Allah (b), tandis que la prosternation est plus propice à ce qu’on Lui fasse des requêtes.
Le messager d’Allah (g) a dit à cet effet : « Dans l’inclinaison, proclamez la grandeur d’Allah (e). Quant à la prosternation, efforcez-vous d’y implorer votre Seigneur car, à cet instant, il est plus probable que l’on vous exauce[7] ».
Et c’est pour cela qu’il (g) disait lors de son inclinaison : « Ô Allah, devant Toi je m’incline, en Toi je crois, à Toi je me soumets. Mon ouïe s’est humiliée devant Toi ainsi que ma vue, mon cerveau, mes os, et mes nerfs [et tout mon corps][8] ».
Le grand savant Ibn Rajab (r) a dit à propos de cette invocation :
« Celle-ci souligne que l’humilité ressentie par le prophète (g) lors de son inclinaison s’est manifestée dans tous ses membres et plus particulièrement dans le plus noble d’entre eux : le cœur, qui est le roi qui gouverne les membres et les organes. En effet, si le cœur s’humilie, alors la totalité des membres et des organes s’humilieront consécutivement. »
Il ajoute : « Un des signes révélateurs de la parfaite humilité et de la modestie éprouvée par l’adorateur d’Allah lors de son inclinaison et de sa prosternation est que, lorsqu’il s’abaisse pour son Seigneur durant l’inclinaison et la prosternation, il Le décrit par les attributs de puissance, de grandeur, de magnificence et d’éminence. C’est comme s’il disait : « La soumission et la modestie sont mes attributs ; tandis que la grandeur, la puissance et la magnificence sont les Tiens, Ô mon Seigneur ![9] » »
Assurément, ce rang honorable que le cœur atteint est le secret de la vitalité et le fondement de l’empressement enthousiaste de l’adorateur vers son Seigneur (c).
Le sentiment de dépendance envers Allah est tel un chamelier qui pousse le serviteur adorateur vers la persévérance dans la piété et la poursuite continuelle dans Son obéissance.
Et cela se concrétise en accomplissant deux actes indissociables et corrélatifs :
[1] « Madârij As-Sâlikîn » d’Ibn Al-Qayyim (vol. 2/p. 439).
[2] [S. 35, v. 15]
[3] [S. 28, v. 24]
[4] « Madârij As-Sâlikîn » d’Ibn Al-Qayyim (vol. 2/p. 440).
[5] [S. 6, v. 162-163]
[6] « Dhamm Al-Hawâ » d’Ibn Al-Jawzî (p. 69).
[7] Rapporté par Muslim (479).
[8] Rapporté par Muslim (771).
[9]« Al-Khushûc fi As-Salât » d’Ibn Rajab Al-Hanbalî (p. 41- 43).