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Troisième déterminant :La fructification et la préservation des biens
L'argent est le nerf de la vie, l'artère de l'économie, et le moyen de subsistance de l’être humain. Le Très-Haut dit : [Et ne confiez pas aux incapables vos biens qu' Allah assigne à votre subsistance. Mais vous devez prélever sur ces biens de quoi les pourvoir et les vêtir, non sans leur tenir langage honnête ] (Sourate Les Femmes, An-Nisâ’, 4, Verset 5). Allah interdit en effet à Ses serviteurs de confier leurs biens à des incapables qui ne savent ni comment les gérer ni comment les préserver.
Les biens, aux yeux du Musulman, sont les biens d’Allah ; Il nous les a confiés pour que nous en profitions conformément à ce qu' Il ordonne - Allah dit : [(…) et donnez-leur des biens qu' Allah vous a accordés (…)] (Sourate La Lumière, An-Nûr, 24, Verset 33) – ainsi que pour nous mettre à l'épreuve et voir comment nous agissons. Le Très-Haut dit à cet égard : [Nous vous avons établis sur la terre, après eux, comme leurs successeurs, afin de voir comment vous agiriez] (Sourate Jonas, Younus, 10, Verset 14). Allah a autorisé la pratique du commerce qui permet d'accroître les biens dont nous disposons. Le Tout-Puissant dit ainsi: [(…) Allah autorise la vente et prohibe l'usure] (Sourate La Vache, Al Baqarah, 2, Verset 275). [ Ô vous les croyants! Quand on vous appelle à la prière du vendredi, accourez à l’invocation d’Allah ! Interrompez sur le champ tout négoce! C'est un bien pour vous, si vous saviez ! Puis quand la prière est achevée, dispersez-vous dans le pays, et quêtez une part des grâces d’Allah; invoquez fréquemment le Nom d' Allah; peut-être serez-vous heureux ] (Sourate Le Vendredi, Al Jumu،ah, 62,Versets 9-10).L’objectif du commerce n’est donc pas seulement d'obtenir de quoi subvenir à ses besoins essentiels. L’Islam en effet n’interdit point de rechercher la richesse et le bénéfice licite ; c'est pourquoi le Prophète r a dit : « Il n’y aucun mal à être riche quand on est foncièrement pieux» [1].
Toutefois, la vente ne doit être pratiquée que dans le strict respect des règles de la législation islamique, et en dehors de toute usure, fraude, ruse, méconnaissance des règles du commerce. Elle ne doit être ni abusive ni préjudiciable au vendeur ou à l’acheteur. En outre la marchandise ne doit pas provenir d'un vol. Le Prophète r a déclaré à ce propos : « Cet argent est une chose plaisante pour celui qui l'acquiert légitimement et le dépense de même; il est en effet dans ce cas un atout des plus savoureux.Mais celui qui l'acquiert illégitimement est dans la position de celui qui mange sans jamais être rassasié»[2]. Par ailleurs, le Prophète r dit ceci à ،Amrou bin al ،Âs : « Ô ،Amrou !quelle excellente chose pour un homme honorable que l'argent acquis honorablement! »[3] L’Islam enjoint de dépenser cet argent sans excès ni parcimonie. Le Très-Haut dit ainsi : [Ô fils d’Adam ! revêtez votre parure en chaque lieu de prière; mangez et buvez mais sans excès ; Il n'aime pas la démesure ] (Sourate Les Murailles, Al Acrâf, 7, Verset 31). L'Islam prescrit à celui qui d' Allah reçoit un bien d'en faire paraître sur lui les traces. Abou al Ahwas rapporte ainsi que son père – duquel il tenait cette relation des faits - se présenta un jour chez le Messager d’Allah r, avec l'allure d'un homme du désert, les cheveux tout ébouriffés et couvert de poussière. Le voyant dans cet état le Prophète r s'exclama: « Tu n'as donc aucun bien ? ! » Le père répondit : « Allah m’a accordé toutes sortes de biens». Le Prophète r dit alors : « Lorsque Allah accorde une grâce à Son serviteur, Il aime en voir la trace sur lui ».
Cette mise en valeur, sur le bénéficiaire lui-même, des effets du bienfait que constitue le bien financier ou matériel ne doit cependant pas atteindre le seuil de l'arrogance. Or lorsque le Messager r proscrivit toute forme d'arrogance, certains de ses Compagnons – qu'Allah soit satisfait d'eux – pensèrent que cette proscription exigeait que soit négligée l'apparence extérieure. ،Abd Allah bin Mas’oud rapporte que le Prophète r déclara :« Celui dont le cœur recèle un brin d'arrogance n'entrera point au Paradis! » Un homme dit : « L’homme aime pourtant porter de belles tenues et de belles chaussures. » Le Prophète r précisa alors : « Certes, Allah est Beau et aime la beauté. L’arrogance c’est la méconnaissance du droit et le mépris d'autrui»[4].
Allah charge Ses serviteurs de dépenser leurs biens dans Les voies légales [ qu'Il met à leur disposition ]. Son invitation expresse à dépenser dans Sa voie est un appel universel. Le Très-Haut Le Tout-Puissant dit à cet escient : [Croyez en Allah et en Son Messager, et faites dépense sur quoi Il vous a conféré lieutenance. Ceux d’entre vous qui auront cru et dépensé [dans la Voie d’Allah] recevront une grande récompense ] (Sourate Le Fer, Al Hadîd, 57, Verset 7). Il a en outre clairement expliqué qu'une partie des biens des personnes fortunées revenait de droit au mendiant et au déshérité. Le Tout-Puissant dit en effet : [ une partie de leurs biens revient de droit au mendiant et au déshérité] (Sourate Les Vents disperseurs, Adh-Dhâriyât, 51, Verset 19).
Par ailleurs, Allah a imposé le prélèvement, sur le reste des biens, d'une aumône légale /zakah destinée à des bénéficiaires spécifiques, comme l'expliquent clairement les recueils de la Sunna prophétique qui détaillent, en outre, les proportions et les teneurs de cette aumône légale. Le Coran a précisé l'identité des bénéficiaires de cette aumône légale et bien spécifié qu’ils en étaient les uniques bénéficiaires pour prévenir toute immixtion, dans cette question, des humeurs singulières qui s'opposeraient alors à ce que ces bénéficiaires de l'aumône légale reçoivent ce qui leur est légitimement dû.
[1] Sunan Ibn Mâjah , 2/724; ce Hadith est jugé authentique par Al Albânî dans ses annotations d’As-sunan.
[2] Sahîh Al Bukhârî, Hadith 6063, 5/2362.
[3] Al musnad de l’imam Ahmad 4/197; ce Hadith est jugé authentique par ceux qui ont annoté Al mawsou،ah al hadîthiyyah.
[4] Sahîh Muslim, Hadith 1 91/93.