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Second déterminant : La garantie des droits
Cette époque à laquelle nous vivons est dominée quasi exclusivement par le sceau du droit. Nous rencontrons presque partout des slogans réclamant le respect des droits de l’homme, des droits de l'environnement, des droits des animaux, etc. La raison de ces réclamations en est fort probablement la violation très fréquente de ces droits ; dès lors leur revendication s'en trouve exaltée, des documents officiels chargés de leur préservation sont rédigés et les États qui contreviennent à leur respect sont incriminés…
La violation des droits à l' époque actuelle a également pour cause l’éloignement des hommes de la Législation divine, celle-là même qui garantit ces droits, ainsi que la prédominance des intérêts personnels, ethniques et nationaux sur la sauvegarde de ces droits.
On apprend, en étudiant avec attention les Législations divines successives, que le dessein ultime des Messages divins, depuis celui transmis par Adam jusqu'à celui transmis par notre Prophète Muhammad – que la paix et le salut soient sur eux – est la préservation des droits et la suppression des injustices. Il n’est donc point étonnant que notre Prophète Muhammad r ait insisté fortement sur cet aspect, exposant clairement les droits, magnifiant le respect de leur intégrité et mettant en garde contre tout amoindrissement ou toute restriction de ces droits. Ces différents Messages divins recèlent des preuves générales et des preuves spécifiques qui les concernent. Ainsi des preuves générales confirment l'obligation de respecter les droits, et des preuves spécifiques exposent les droits de chaque individu, réaffirment la nécessité de les respecter, et mentionnent les conséquences des atteintes portées à leur intégrité. Les plus magistraux de ces droits que les Législations divines sont venues confirmer sont tout d'abord les droits d’Allah Le Très-Haut, Le Tout-Puissant, puis les droits respectifs des créatures d’Allah, qu'il s'agisse d' un homme ou d'une femme, d'un enfant ou d'une personne âgée, d' un être doué de raison, d' un simple d’esprit, ou même d'un dément, d' un ennemi ou d' un ami, d'un voyageur, d' un autochtone ou d'un résident étranger, d'un animal, d'un oiseau, d' un djinn ou d'un élément de la nature… Aucune des conventions internationales contemporaines ne parvient à offrir aux droits de chacune de ces entités la garantie que les Législations divines leur accordent. Nous mentionnerons quelques Textes coraniques et prophétiques qui témoignent de la préservation de ces droits, sans toutefois exposer l'ensemble des preuves en rapport avec chaque ayant droit, ni spécifier comment ces droits sont préservés, car alors nous aurions besoin d'un temps considérable pour cerner la totalité du sujet. Citer la partie du Texte qui constitue la preuve et dans laquelle se trouve l’argument est en fait suffisant. Voici à présent une énonciation des principaux droits garantis par l’Islam :
A- Les droits du Créateur, Le Très-Haut, Le Tout-Puissant, sur Ses serviteurs. Il a ainsi droit à l'obéissance, et non pas à l'insoumission, de Ses serviteurs. Il a droit à leur reconnaissance et non pas à leur ingratitude. L'évocation, et non l'oubli, de Son Nom est également son droit. Il a encore droit à l'adoration de Ses serviteurs et non pas à leur reniement. Mu،âdh rapporte que le Prophète r s'adressa un jour à lui en ces termes: «Ô Mu’âdh ! » ; je répondis : « À vos ordres, à votre disposition!» Puis il répéta trois fois de suite la même question : « Sais-tu quels sont les droits d’Allah sur Ses serviteurs ? » – « Non!» répondis-je " - « Les droits d’Allah sur Ses serviteurs -me dit alors le Prophète r - c’est d'être Adoré par eux sans qu'ils n'associent dans cette adoration des divinités illégitimes. » Nous continuâmes un moment à marcher et le Prophète r me dit à nouveau : « Ô Mu’âdh ! » – « À vos ordres, à votre disposition!» lui répondis-je – « Sais-tu quels sont les droits des serviteurs d' Allah sur leur Seigneur lorsqu'ils L'adorent de la façon qu' Il l'exige ? C’est d'être préservés de Son châtiment»[1]. Le Très-Haut, Le Tout-Puissant a expliqué tout à fait clairement qu’Il avait créé les êtres dans ce but. Il dit en effet:[Je n’ai créé les djinns et les êtres que pour qu’ils M’adorent] (Sourate Les vents disperseurs, Adh-Dhâriyât, 51, Verset 56). L' adoration du Très-Haut du Tout-Puissant ne se limite pas à l'accomplissement quotidien ou hebdomadaire des rites dans un lieu de culte prévu à cet effet; Son adoration embrasse en vérité un champ bien plus vaste ; elle comprend le fait d'appliquer Sa législation et la nécessité impérieuse de suivre Sa voie ainsi que le fait de chercher à se rapprocher de Lui par les moyens qu’Il aime et agrée. Le droit le plus magistral que Le Tout-Puissant a sur Ses serviteurs est celui d'établir les Lois les concernant en étant pleinement reconnu par eux comme Unique Législateur. Le Très-Haut Le Tout-Puissant est en effet le Législateur Suprême, gloire à Lui ! Il dit d'ailleurs à ce propos: [Ou serait-ce qu'ils ont des divinités [illégitimes ] qui auraient édicté pour eux des lois religieuses qu'Allah n'aurait pas sanctionnées ? N'eût été la Parole décisive, entre eux il eût été tranché.Aux iniques revient à coup sûr un châtiment douloureux. ] (Sourate La Délibération, Ach-Chourâ, 42, Verset 21). La civilisation contemporaine s’est approprié ce droit d'établir des lois et en a fait d'ailleurs une de ses prérogatives; or il s'agit là d'une atteinte portée au Seigneur et Maître de l'Univers Lequel, en raison de l'Unicité de Ses Actes, est Seul en mesure d' établir la Religion et les Lois auxquelles les êtres humains doivent se référer dans toutes les affaires les concernant.
B- Les droits des Prophètes. Leurs droits sur ceux qui les suivent sont nombreux. Ils ont notamment droit à ce que ces derniers ajoutent foi aux informations qu'ils transmettent, droit à ce qu'ils obéissent à leurs injonctions, droit à ce qu'ils n'adorent Allah que par le biais de ce qu'ils légitiment et transmettent, droit à ce qu'ils n'outrepassent point leurs interdictions. Le Musulman accorde sa foi à l'ensemble des Prophètes et des Messagers qu'il honore et respecte, avec l'intime conviction qu'ils sont véritablement les Messagers d'Allah. Le Très-Haut dit : [ Le Messager croit en ce dont la descente s'opère sur lui de la part de son Seigneur. Ainsi font les croyants : tous croient en Allah, en Ses Anges, à Ses Livres et en Ses Messagers sans établir de distinction entre Ses Messagers. Tous ont dit : “Nous avons entendu et nous avons obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C’est vers Toi que sera le retour final”] (Sourate La Vache, Al Baqarah, 2, Verset 285). L'individu doit également être convaincu que l'obéissance est due aux Messagers d'Allah. Le Très-Haut dit : [Nous n’avons envoyé de Messager que pour qu’on lui obéît, avec la permission d’Allah. Quant à eux, si, victimes de leur propre iniquité, ils étaient venus à toi implorer le pardon d'Allah et que pour eux le Messager l'implorât, ils trouveraient Allah assurément Enclin au repentir, Miséricordieux ] (Sourate Les Femmes, An-Nisâ’, 4, Verset 64).
C- Les droits des père et mère sur leurs enfants. Ce sont des droits grandioses dans cette religion elle-même grandiose. La jonction qu'établit Le Tout-Puissant entre l’obéissance que les enfants doivent à leurs parents et l’obéissance qu'ils Lui doivent, ainsi que celle qu'il établit entre l'ordre donné à Ses fidèles de ne rien Lui associer et l'obligation d'obéir aux parents et de se comporter bellement envers eux suffisent largement à prouver la sublimité de ce droit. Le Tout-Puissant dit ainsi : [Ton Seigneur a décrété que vous L'adoriez Lui seul, et que vous agissiez bellement à l'égard des père et mère. Si chez toi ils atteignent au grand-âge, l'un d'eux ou bien tous les deux, ne va pas leur dire: Fi! ni les rudoyer; dis-leur des paroles bienveillantes; abaisse devant eux l'aile de la déférence, en esprit de miséricorde et dis: Seigneur ! Sois Miséricordieux envers eux comme ils ont été miséricordieux envers moi en élevant l' enfant que j'étais ! ] (Sourate Le Voyage nocturne, Al Isrâ’, 17, Versets 23-24). [ Dis : “Venez ! que je vous énonce ce que votre Seigneur vous enjoint : ne Lui associez rien ; comportez-vous bellement envers vos père et mère (…) ] (Sourate Les Bestiaux, Al Ancâm, 6, Verset 151).
D- Les droits de l’enfant sur son père. Ses droits sont en vérité nombreux et divers. Le premier droit de l’enfant sur son père s'exerce avant même sa naissance : c'est que ce père lui choisisse la mère qui le portera. Puis c'est le droit à être nourri de ce dont son père se nourrit lui-même, d'être vêtu de ce dont lui-même se vêt. C'est aussi le droit à recevoir de son père un prénom honorable et d'être instruit par lui des bonnes manières. C'est le droit à ce que son père marque sa naissance par le sacrifice de deux moutons, lui assure une instruction convenable, lui garantisse une bonne éducation, l'oriente vers le bien, soit vers la religion authentique, qui est le bien le plus grandiose, avec ses preuves et ses arguments, afin qu'il ne grandisse point dans un milieu de traditions erronées. L'enfant a également droit à ce que son père assure ses dépenses d'entretien, le marie après sa puberté, implore Allah de lui accorder le bien, l'aime, soit bienveillant et compatissant envers lui, etc. Ceci dit nous préférons ne pas citer de preuve pour chaque point exposé, et ce, par réel souci de concision.
E- Les droits de chacun des époux sur son partenaire. Ces droits comptent au nombre de ceux qui sont abordés le plus fréquemment dans les Textes de l’Islam. Nous nous limiterons cependant à l'évocation de trois nobles Versets, lesquels contiennent tout à la fois l'éloquence de l'expression, la quintessence des droits en question, la Grâce que fait Allah à Ses serviteurs de ce grandiose bienfait, soit le lien du mariage. Voici donc les Versets en question :
Premier Verset : Le Très-Haut dit : [ Et parmi Ses signes : qu'Il ait créé pour vous, à partir de vous-mêmes, des épouses, afin qu'auprès d'elles vous trouviez l'apaisement; qu'Il ait entre elles et vous établi affection et miséricorde …En quoi résident des signes pour un peuple capable de réfléchir ] (Sourate Les Byzantins, Ar-Roum, 30, Verset 21). Que le lecteur médite donc cette expression [ (…) de vous-mêmes(…) ] et cette autre [(…) afin qu' auprès d'elles vous trouviez l'apaisement (…)].
Second Verset : Le Très-Haut dit : [Vous est rendu licite, durant la nuit qui suit le jeûne rituel, le rapport avec vos femmes. Elles sont un vêtement pour vous; vous êtes, pour elles, un vêtement ] (Sourate La Vache, Al Baqarah, 2, Verset 187). Allah considère donc que chacun des époux est comme un vêtement pour son partenaire. Or est-il un élément qui, plus que le vêtement, soit indissociable du corps, conçu pour lui, en contact direct avec lui et avec lui quelles que soient les circonstances ?
Troisième Verset: Le Très-Haut dit: [(…) Fréquentez-les selon les convenances; si elles vous inspirent de l'aversion, qui sait si votre aversion ne porte pas sur une chose dans laquelle Allah a placé un grand bien ] (Sourate Les Femmes, An-Nisâ’, 4, Verset 19). Allah demande ici à ce que les relations entre les époux respectent les convenances, soit ce qui est admis par les gens comme étant convenable, bon et acceptable dans les relations conjugales.
F- Les droits de l’être humain sur son prochain. Tout être humain a droit à ce que tout autre être humain l'aborde ou le croise avec un visage détendu. Le Prophète r a déclaré à cet égard : « Ne dénigre jamais une action convenable, ne serait-ce que d'aborder ton frère avec un visage détendu»[2] Tout musulman a droit également à ce que son coreligionnaire lui adresse la salutation de paix (as- salâm) lorsqu’il le croise, à ce qu'il lui rende visite lorsqu’il est malade, à ce qu'il répondre favorablement à son invitation, à ce qu'il suive son cortège funèbre quand il meurt. Le Prophète r a dit : « Un Musulman a cinq devoirs à respecter à l’égard d’un coreligionnaire : lui rendre le salut, le visiter quand il est malade, suivre son convoi funèbre, accepter son invitation et lui dire : " Qu' Allah te fasse miséricorde! "quand il éternue» [3] Le Musulman a droit à ce que son coreligionnaire ne lui cause pas de tort. Lorsque les Compagnons interrogèrent le Messager r et lui demandèrent quelle était la meilleure forme d’Islam, il répondit : « Le [meilleur ] Musulman est celui dont ses coreligionnaires n'ont à craindre ni les méfaits de sa main ni ceux de sa langue » [4] Le Musulman a également droit à ce qu'autrui respecte ses biens, son honneur, sa vie et sa religion ; c’est pourquoi, lors du plus grandiose rassemblement auquel participèrent les Compagnons- qu'Allah soit satisfait d'eux–et qui fut tenu durant le pèlerinage d’adieu du Prophète bienfaisant r, celui-ci proclama ces droits universaux: «En vérité, Allah a marqué du sceau du sacré votre sang et vos biens comme Il a marqué du sceau du sacré ce jour-ci, dans cette ville-ci et en ce mois-ci. Ai-je transmis le Message ? » - « Oui ! » s'exclamèrent les fidèles. « Ô Allah, sois témoin ! » Il répéta cela trois fois puis il ajouta : « Malheur à vous ! ( ou : Prenez garde ! ) Ne redevenez pas après moi dénégateurs en vous frappant le cou les uns les autres! » [5] Le Prophète r a également dit : « Le sang, les biens et l'honneur de chaque Musulman sont sacrés pour son frère Musulman »[6]. Le Musulman a encore bien d'autres droits sur son coreligionnaire qu'il nous est cependant impossible d'énumérer par manque de temps et d'espace. Notre objectif n' était que d'en exposer quelques-uns pour témoigner de leur existence.
G- Les droits du voisinage. L’Ange Gabriel émit tant de recommandations au sujet du voisin que le Messager r en vint à penser qu'il voulait lui destiner une part de l' héritage. Le Prophète r dit en effet : «[L’Ange] Gabriel ne cessa de me faire des recommandations au sujet du voisin, si fait que je crus qu'il allait l'imposer comme héritier»[7] Le Coran explique qu’il existe trois catégories de voisins : celui qui jouit du droit du voisinage, du lien de parenté et de l’Islam ; celui qui bénéficie du droit du voisinage et de l’Islam, et celui qui ne jouit que du droit du voisinage. Le Très-Haut dit ainsi : [Adorez Allah sans rien Lui associer; agissez bellement envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les indigents, le voisin apparenté, le voisin sans lien de parenté, le compagnon par proximité, le voyageur, et votre droite propriété. Allah n’aime, en vérité, ni l'arrogant ni l'outrecuidant ] (Sourate Les Femmes, An-Nisâ’, 4, Verset 36). Le Tout-Puissant a également interdit de causer du tort au voisin et montré clairement que causer du tort à celui-ci était plus grave que causer du tort à qui que ce soit d'autre, même si causer du tort est en soi formellement interdit. Le Prophète r a dit : « Par Allah, il n'est pas un vrai croyant ; par Allah, il n’est pas un vrai croyant ; par Allah, il n’est pas un vrai croyant» – « Qui donc, ô Messager d’Allah, n’est pas un vrai croyant ? » - lui demanda-t-on - Il répondit : « Celui dont le voisin craint la nuisance »[8].
Voilà exposés quelques uns des droits que l’Islam a apportés. Il en existe d’autres dont nous avons choisi de ne pas parler pour ne pas allonger exagérément cette étude tels que : les droits de l'ouléma, les droits du voyageur, les droits de l'indigent, les droits de la veuve, les droits de l’orphelin, les droits du mendiant, les droits du simple d’esprit et du malade mental, les droits de l’ennemi, les droits de l'animal, de l' oiseau et du djinn et les droits de l'environnement. Celui qui étudie attentivement les Textes de Coran et de la Sunna découvre à ce sujet nombre d'éléments intéressants. Il en est de même pour celui qui consulte les ouvrages - et ils sont nombreux- relatifs aux droits de l'homme dans l’Islam.
[1] L'authenticité de ce Hadith est confirmée par l'ensemble des sources sur la base du Hadith rapporté par Anas; Sahîh Al Bukhârî, Hadith 5912, 5/2312, et Sahîh Muslim, Hadith 30, 1/58.
[2] Sahîh Muslim, Hadith 2626, 4/2026.
[3] Sahîh Al Bukhârî, Hadith 1183, 1/418, et Sahîh Muslim, Hadith 2162, 4/1704.
[4] Sahîh Al Bukhârî, Hadith 1, 11/13, et Sahîh Muslim, Hadith 1, 40/65.
[5] Sahîh Al Bukhârî, Hadith 4141, 4/1598, et Sahîh Muslim, Hadith 1218, 2/889.
[6] Sahîh Muslim, Hadith 2564, 4/1986.
[7] Ibid., Hadith 2624, 4/2025.
[8] Sahîh Al Bukhârî, Hadith 5670, 5/2240, et Sahîh Muslim, Hadith 46, 1/68.