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Sixième déterminant: La tolérance envers l’adversaire

Que  l'être  supporte  son  proche, fasse  montre de  patience face à  son emportement, se  taise devant son  insolence,  ferme les yeux sur ses manquements, soit bienfaisant envers lui  même s’il est injuste, voilà une  attitude  tout à fait courante et coutumière  chez les êtres humains. Mais que l'être supporte son ennemi, se montre équitable envers lui, s'arme de patience  face à son impudence, lui pardonne, soit bienfaisant  et compatissant envers lui … et  manifeste encore  d’autres qualités  auxquelles  seules  les  âmes pures  parviennent à s'élever, cela  ne  s'est  observé,  dans  l’histoire de  l’humanité,  que  chez  les êtres  qui ont  suivi  la  Voie  droite  Révélée par  Allah  et vers  laquelle  Il a appelé. C'est  parce qu'il est  la  Législation et la  Voie d'Allah  que  l'Islam  prend en considération le comportement   que le Musulman  doit  avoir  avec  son adversaire et qui est non seulement  le plus parfait mais  aussi  le plus  noble  qui soit. Les enseignements du Coran et de la Sunna comportent  une  direction  exemplaire  à  suivre, une  tradition  à  observer  et  des modèles admirables qui ont donné les plus  beaux  exemples dans la  façon de  garder  sous contrôle  l'adversaire, à la fois avec fermeté et bienveillance, et  d'être bienfaisant envers lui. Citons entre  autres :


1- L’obligation d’être équitable avec l’ennemi, même s’il a opprimé et tyrannisé. Le Très-Haut dit :[Que l'animosité  envers  un peuple qui vous a obstrué la voie  vers la Mosquée sacrée ne vous incite pas à devenir des agresseurs. Bien plutôt encouragez-vous mutuellement à la piété et à la crainte révérencielle d'Allah ! ne vous encouragez pas mutuellement au péché non plus qu'à l'agression. Craignez Allah ! Allah est en vérité  Terrible en Son châtiment !] (Sourate La Table, Al Mâ’idah, 5, Verset  2). Savez-vous quand fut Révélé  ce noble Verset qui  contient  cette  sage  Directive  ? Et bien ce fut  juste après que les adorateurs des idoles eurent empêché le Messager r et ses honorables  Compagnons d'accomplir  la circumambulation de l’Antique Maison [soit la Kaaba]  et d'adorer leur Seigneur en ce lieu. Voyez-vous combien la Directive divine était  admirable  et  décisive   dans  son  dessein   qui  était  d'orienter le  Messager r  et  ses  Compagnons  vers la recherche  de l'équité, et  de  les mettre en garde  contre  l'animosité qu’ils éprouvaient  pour  leur  ennemi  et  qui, en aucun cas,   ne  devait les  pousser  à  outrepasser les limites ?  Observez  comment  se  termine  le  Verset, soit  par  l'injonction  de  craindre   Allah et par le rappel qu’Il est Terrible en Son châtiment. Ibn Jarîr-qu'Allah lui accorde la miséricorde- a  expliqué ce Verset de la manière suivante:« Que  l'animosité que vous éprouvez pour  un peuple  parce qu'il vous a barré la route conduisant à la Mosquée  Sacrée ne vous porte  pas, ô croyants,  à transgresser  la Loi d’Allah que vous  outrepassez alors pour faire ce qu’Allah vous interdit formellement. Imposez-vous plutôt l'obéissance au Seigneur  dans  ce  que vous aimez comme  dans ce que vous détestez»[1].

Cette équité envers l’adversaire n'engendre  ni  l'humiliation  ni  la résignation  parce que  Le Tout-Puissant  enjoint  formellement  de  respecter les  droits et exhorte  au  pardon,  Directives  divines  que  nous  avons  par ailleurs  largement développées  en  évoquant  le thème  de "la  justice"  dans la  présente étude.


2- Outre le fait qu'il enjoint d'être equitable envers l’ennemi, l'Islam  enjoint  aux Musulmans, mieux,  exige d'eux, qu'ils présentent la Guidance/al qidâyah  aux non Musulmans pour qu'ils partagent  avec eux ce bien  immense qu'elle constitue et parce que le Message Ultime est  destiné à l'ensemble des êtres humains; ce  n'est pas un Message  privé ou racial  ou encore  national. Allah Le Très-Haut a enjoint à Son Prophète r  de dire à tous les êtres humains : [Dis : “Ô vous les hommes ! Je suis en vérité  le Messager d’Allah  pour vous tous ] (Sourate Les Murailles, Al Acrâf, 7, Verset 158). Comparez donc cette Parole, qui n'a en vérité point  d'équivalence,  avec la position  qu'adopta  le  Messie – que la paix soit sur lui-  envers la femme qui lui demanda de guérir sa fille. Voici ce que nous lisons à ce propos dans le Nouveau Testament : « Car une femme, dont la fille était possédée d'un esprit impur, entendit  parler de lui, et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syro-phénicienne d'origine. Elle le pria de chasser le  démon hors de sa fille. Jésus lui dit : "Laisse d'abord les enfants se rassasier ; car il n'est pas   bien de prendre le pain des enfants,  et de le jeter aux  chiens"»[2] Et dans Matthieu : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur  qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent»[3].


Le message du  Messie était en effet  destiné, non pas à tous les êtres humains mais  spécifiquement  aux  enfants   d'Israël. C'est en réalité  le Messie qui délimita le cadre du  message qu'il était chargé de transmettre, comme le rapporte  Matthieu : «Tels sont les douze disciples que Jésus dépêcha après leur avoir donné les instructions suivantes : N'allez pas vers les païens, et n'entrez  pas dans la ville  des Samaritains ; allez plutôt vers les brebis égarées de la maison d'Israël» [4] .C'est  pourquoi le Messie eut un tel comportement envers la femme qui n'appartenait pas  aux enfants d’Israël.


3-De même qu'Il exige du Musulman qu'il  appelle, patiemment,  le  non  Musulman à embrasser l’Islam, le Tout-Puissant nous  enjoint  de  faire  montre  de  patience enversl'adversaire s'il est  irrité  et  d'indulgence  s’il est  impudent. Voyons  à  ce  propos  l'attitude  qu'eut le  Messager r  face au  rabbin   Zayd  bin  Su،nah   quand  celui-ci  se  montra  insolent   envers  lui   alors  qu’il   se   trouvait  avec  ses Compagnons – qu'Allah soit satisfait d'eux. Pour  bien  saisir  les dimensions de  la  grandeur  de cette attitude,  gardez bien à l'esprit  que  Muhammad r  était alors  le Messager  d'Allah  ainsi  que  le Chef de  l’État  et  qu'en outre il se trouvait en compagnie d' un groupe de ses nobles Compagnons – qu'Allah leur accorde la miséricorde – quand le rabbin l'aborda avec impudence  et que ce dernier   n'était ni  de  leur ethnie, ni même de leur religion. Et pourtant le Prophète r marquera de la mansuétude envers l'insolence de  cet homme;  et cet homme se convertira à l'Islam;  et c'est la mansuétude du Prophète r  qui aura été  à l'origine de cette  conversion. Voici, dans ses  détails,  cet extraordinaire  récit  authentique rapporté par  les auteurs  des  Compilations de Hadiths/ Sunan :


،Abd Allah bin Salâm rapporte que Zayd bin Su،nah  déclara, quand Allah Le Tout-Puissant désira le guider vers l'Islam :«J'avais relevé sur le visage de Muhammad r, en l'observant bien, tous les signes de la prophétie  à  l'exception de deux: je n'avais pas pu  m'assurer  si sa mansuétude primait sur son emportement éventuel et si la violence d'un éventuel  emportement  contre lui ne faisait  que renforcer  sa mansuétude. Alors je me montrai  aimable  envers le  Prophète r  pour me rapprocher de lui et  faire la part des choses entre sa mansuétude et un éventuel  emportement de sa part» Zayd  poursuit son récit: «Un jour, le Messager d’Allah r  sortit des appartements de ses épouses en compagnie de ،Alî bin abî Tâlib. Un  bédouin  sur le dos  de sa monture  s'approcha de lui  et dit : " Ô Messager d’Allah ! Les habitants  de  Busrâ, à proximité du village  de  telle tribu, ont  embrassé l’Islam et sont devenus Musulmans. Je leur avais  dit  que s' ils embrassaient l’Islam, ils connaitraient le bien-être et la prospérité ; or  voilà une année que la  sècheresse sévit et qu'à cause d'elle  ils souffrent de la disette ; je crains, ô  Messager d’Allah, qu’ils  ne  sortent, par convoitise,  de  l’Islam  comme ils y sont,  par convoitise, entrés. Si tu estimes  pouvoir   leur envoyer quelque chose pour les aider, alors fais –le. " Le Prophète r  tourna  la tête vers  un homme à ses côtés - je pense qu'il s'agissait de ،Alî-. Ce dernier dit : "  Ô Messager d’Allah, il ne  reste plus rien ! [ des biens destinés à l'aumône ] " A ce moment là  je  m'approchai du Messager r  et dis :" Ô Muhammad ! Te serait-il possible de me vendre des  dattes  réputées  de la plantation  de  telle famille  et de me les livrer  tel jour? " Le Messager  répondit : " Non, ô Juif.  Cependant, je peux te vendre des dattes réputées et te les livrer tel jour, mais  ne précise pas nommément leur  plantation d' origine. "Je répondis  que j' étais d’accord pour la transaction. Puis je défis les cordons de ma bourse de laquelle je  sortis quatre-vingt pièces d’or. Je donnai  cet argent  au  Prophète r  pour  payer  les  dattes qui  devaient m'être  remises  au terme que nous avions fixé. Le Prophète r remit alors  cette  somme  à l’homme sur sa  monture  et dit :"  Dépêche – toi ! sois équitable  envers  eux et aide-les avec  ceci ! "» Zayd bin Su،nah poursuit : « Deux ou trois jours avant le terme fixé pour la  livraison des dattes, le Messager d’Allah r sortit avec  Abou Bakr, ،Omar et ، Othmân, au milieu d’un groupe de ses Compagnons. Après qu'il eut accompli la prière funèbre et se fut assis  au pied  d'un mur,  je me dirigeai vers  lui  et, parvenu  à sa hauteur,   l'attrapai par le col de sa tunique et de son manteau  et  lui jetai un regard plein de colère. Je m'exclamai : " Ne vas-tu donc  pas me donner mon dû, ô Muhammad ? ! Par Allah,   je ne vous savais pas, fils  de ،Abd  al Muttalib, portés  à retarder  le payement de vos  dettes. J’ai beaucoup appris en vous fréquentant. " Puis, je regardai  ،Omar  et vis  ses yeux  tourner à toute vitesse  dans  leurs orbites.  Il me jeta un regard furieux  et s'exclama : "  Ennemi d’Allah ! As-tu bien dit au Messager d’Allah  ce que  j’ai entendu  et  fais avec lui  ce que j'ai vu  ? Je  jure par Celui Qui l’a Envoyé avec la Vérité, si je ne redoutais pas  Sa Puissance  j’aurais tranché  ta tête avec mon sabre ! "  Pendant ce temps, le Messager d’Allah r regardait ،Omar, calme, tranquille  et souriant.  Puis il dit : "  Ô ،Omar, nous avions, lui et moi, besoin d’autre chose que ceci; j'avais besoin que tu m'enjoignes de bien m'acquitter de ma dette et, lui, avait besoin que tu lui recommandes de demander son dû de bonne façon. Va, ô ،Omar,  donne lui son dû, et ajoute lui vingt sâ، [5] de dattes pour la frayeur que tu lui a causée" ». Zayd  ajoute : « ،Omar partit avec moi,  me remit  mon dû  et  y   rajouta vingt ، de dattes. " Pourquoi cet ajout ? ", lui demandai-je. " –"  Le Messager d’Allah r  m’a ordonné de t’ajouter vingt sâ، de dattes pour la frayeur que je t'ai causée.", me dit-il.   " Me connais-tu ? ", demandai-je. " Non ", me répondit ،Omar, qui poursuivit : "Qu’est-ce qui t’a donc poussé à faire ce que tu as fait au Messager d’Allah r  et  dire ce que tu lui  as dit ? " -Je répondis: " Ô Omar, j'avais relevé sur le visage  du  Messager d’Allah r, en l'observant bien, tous les signes de la prophétie  à l'exception de deux : je n'avais pas pu m'assurer  si sa mansuétude primait sur  son emportement éventuel  et  si  la violence d'un  éventuel  emportement  contre lui  ne faisait que  renforcer sa mansuétude. Or ces deux signes je  viens de les tester  sur le Prophète r et j’atteste, Ô ،Omar, que j' agréé dès cet instant Allah comme Seigneur, l’Islam comme religion et Muhammad comme Prophète. J’atteste également que je fais don de  la moitié de ma fortune,  qui est immense,  à la communauté de Muhammad ". ،Omar  rectifia :"plutôt  à une partie de la communauté de Muhammad, car tu ne peux pas satisfaire tous ses  membres".Je rectifiai:"  ou à une partie de cette communauté "» ،Abd Allah bin Salâm termine : « ،Omar et Zayd  retournèrent  auprès du Messager d’Allah r et Zayd déclara : " Je témoigne qu’il n’est  point de divinité, en droit d'être adorée,  autre qu' Allah et je témoigne que Muhammad est Son serviteur et Son  Messager".  Zayd bin Su،nah  eut donc finalement  foi  dans  le Prophète , fut convaincu de la véracité de son Message, lui prêta serment et prit part à ses côtés à plusieurs expéditions militaires.» [6].


Méditez  donc  sur  cet extraordinaire épisode  et sur  son dénouement ! Zayd bin Su،nah  s'était  présenté au Prophète r  dans le but de le  mettre à l'épreuve  et  repartit  Musulman !  Puis il  passa  sa vie  à appeler  les gens vers  la religion d’Allah et  à observer scrupuleusement  la Sunna du Messager jusqu'à trouver finalement   la mort  pendant  qu’il combattait dans la Voie  d'Allah.


Voici un autre cas, qui concerne  ،Abd Allah bin  Ubay  bin  Salûl, chef de file des hypocrites et  l'une  des principales figures qui se  dressèrent contre  le  Messager d’Allah r. C’est lui qui fit défection  au  Prophète r et se retira,  avec le tiers  de l’armée, de la scène des combats le jour de la bataille d’Uhud [7]. Et pourtant, lorsqu'il mourut, le Messager d’Allah r  pria  sur sa dépouille  et implora le Pardon d’Allah pour ses péchés. Dans l'un des recueils de Hadiths authentiques, ،Omar bin al Khattâb  rapporte à ce sujet : « Lorsque ،Abd Allah bin Ubay bin Salûl mourut, on appela le Messager d’Allah r pour qu’il prie sur lui et lorsque le Prophète  r se présenta et se tint  debout auprès de la dépouille de ،Abd Allah, je dis : " Ô Messager d’Allah, vas-tu prier sur Ibn Ubay alors qu’il a dit ceci et ceci et ceci un tel jour? "– Je lui fis alors  la liste de tout ce qu'avait dit  ،Abd Allah – . Le Messager d’Allah r sourit et me dit : " Laisse-moi faire, ô ،Omar ! " Comme j’insistai, il dit :" On m’a donné le choix  et j’ai choisi. Si je savais que  si j'ajoutais, à mes soixante-dix demandes de pardon  pour lui, des demandes supplémentaires, il serait pardonné, alors je ferais ces demandes" [8].  L'Envoyé d'Allah r  pria alors sur la dépouille d' Ibn Ubay puis se retira»[9].

 

Il  assista ensuite aux  funérailles  et demanda  au   fils  du défunt  d'envelopper la  dépouille de  son père  dans  sa  tunique,  qu'il  lui tendit,  nourrissant l'espoir  qu’Allah  allège  le  châtiment d'Ibn Ubay.  Admirez  la noblesse de  cette élévation au-dessus des  fautes commises, la grandeur  de  cet oubli  de  l'offense subie  alors que  l’homme responsable  de ces outrages  est  mort  et enterré, qu'on n'espère  plus aucun  bien  de lui, et qu’on ne redoute plus de lui aucune nuisance ! Cependant  les  âmes élevées ne recherchent que la noblesse de la conduite, ne s'avisent que d'être  bienfaisantes envers autrui, que de  supporter et  endurer ses offenses. Les livres de la Sunna et les biographies du  Prophète  r  abondent en  récits évoquant les positions  qu'adopta le Messager r  face  aux  associateurs, fussent-ils  leaders ou simples individus, qui lui témoignèrent de l'hostilité et le combattirent. Les positions qu'il prit à leur encontre  furent ainsi celles que lui dictait  la Législation divine, lui commandait  la  raison et  lui imposait  la manière judicieuse d'agir.


4-S'armer de patience n'est pas la seule conduite que l'Islam enjoint au  Musulman d'observer  face  à   l'adversaire. Il lui prescrit aussi  d'être clément  envers  lui   et  d’œuvrer à le sauver de l'Enfer. Le Prophète r se chargeait en personne, et  sans ménager sa peine,  de  guider les  non Musulmans vers  l’Islam ; c’est pourquoi d'ailleurs Allah lui dit : [Tu vas, peut-être, s'ils n'ont pas foi en ce récit, te consumer de chagrin sur leur façon d'agir. ] (Sourate La Caverne, Al  Kahf, 18, Verset  6). Le Très-Haut le Tout-Puissant dit encore: [Qu'adviendra-t-il de celui pour qui la laideur de son action  aura été revêtue d'apparences trompeuses et qui la considérera comme un bien ? Allah égare qui Il veut, et Il  guide qui Il veut - Que ton âme ne se répande donc pas en regrets sur  eux : Allah connait parfaitement ce qu'ils  font. ] (Sourate Le Créateur, tir, 35, Verset  8). Le récit  suivant  témoigne  du  souci profond  qu'avait le  Messager d’Allah  r, de guider vers la Voie droite l’opposant  et d'essayer, jusqu'à  la dernière minute, de le convaincre d'embrasser l'Islam : Un jeune garçon Juif était au service du Prophète r. Un jour il  tomba malade. Le Prophète r  lui rendit alors  visite,  s’assit à son chevet et lui dit : « Embrasse l’Islam ! » Le jeune  garçon fixa  du regard  son père  qui était  auprès de lui. Celui-ci  dit alors : « Obéis à Abou al Qâsim r ! » Le jeune garçon se convertit de suite  à  l’Islam et le Prophète r sortit en disant : « Louange à Allah qui l’a sauvé de l’Enfer ! » [10].


 Les  joyaux que  recèle cette  Règle  divine  concernant  le comportement  qu'il convient  d' avoir  avec   l’adversaire  sont  innombrables et ce bref exposé ne peut  donc tous les évoquer. Nous faisons cependant mention de ce qui peut  donner au lecteur le désir d'accroître ses connaissances relatives aux dogmes, aux  ordonnances, aux principes, et aux valeurs de cette  Règle divine. Et en ce sens nous mentionnons  notamment qu' Allah  enjoint à la  victime  d'une agression  de pardonner à son agresseur  quand  elle est  en mesure de  faire  respecter  ses droits,  et quand l'agresseur  en question est  digne d'être pardonné et  que le  pardon qu'il reçoit de sa victime et la bienfaisance dont elle fait montre à son égard contribuent  à corriger sa conduite,. Allah dit : [ La  sanction d'un  mal est un mal identique; celui qui pardonne et  corrige  trouvera ainsi  sa récompense auprès d'Allah. Allah n'aime pas les injustes. ] (Sourate La Délibération, Ach- Chourâ, 42, Verset  40). [  Si vous châtiez, châtiez comme vous l'avez été. Mais si vous faites montre de patience [envers celui qui vous a châtiés ]ce sera  mieux si vous êtes patients.] (Sourate Les Abeilles, An-Nahl, 16, Verset  126).  C'est pourquoi,  après qu'il fut  rentré  victorieux  à  La Mecque, avec  désormais entre ses mains le sort de ceux  qui  lui  avaient causé du tort, tuaient ses  Compagnons  et  les avaient tous  contraints  à quitter  La  Mecque,    le Messager  d’Allah r  prononça  ces  paroles célèbres quand  ils furent tous réunis  à la Mosquée : «Que voulez-vous que je fasse de vous ?»  Ils répondirent :« Sois bon avec nous,  frère généreux, fils d’un frère généreux!» Il leur dit alors : « Partez, vous êtes libres !»[11].


5-Le comportement qu'il convient d'avoir avec  l'adversaire ne s'arrête pas là. Ainsi, outre les instructions données  précédemment, Allah  recommande  de  faire montre  de  bonté  et de  bienfaisance envers l’adversaire  qui  ne  combat pas  les Musulmans et ne les expulse pas  de leurs demeures. Le Très-Haut Le Tout-Puissant  dit en effet:[Allah ne vous interdit pas d'être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et qui ne vous ont pas expulsés de vos maisons ; Allah aime ceux qui sont équitables]. (Sourate L’Éprouvée, Al Mumtahanah, 60, Verset  8). Ibn Jarîr – qu'Allah lui accorde la miséricorde – dit : « De toutes les explications fournies pour  ce Verset, la plus correcte  est celle qu'avance cet exégète :"Cette Parole signifie qu’Allah ne vous interdit aucunement d'avoir des rapports avec les  adeptes de toutes  les  confessions  et  religions, ni de vous conduire avec eux avec  bienfaisance et équité, s'ils  ne vous combattent  pas  pour  la  religion que vous avez"»[12]. Le témoignage  suivant  est une illustration  de la  mise en application de cette conduite:Asmâ bint abou Bakr-qu'Allah soit satisfait de lui et d'elle - rapporte ce qui suit : « Ma mère vint me rendre visite à l’époque du Messager d’Allah r alors même qu’elle était associatrice. Je consultai  alors le Messager d’Allah r  et lui dis: "Ma mère est arrivée et elle désire rester en contact avec moi ; est-ce que je continue à entretenir des liens avec elle ?"-"Oui, répondit  le  Prophète r, ne romps pas  tes  liens  avec ta mère!"»[13].

 

Quand on compulse la biographie du Messager r  on relève  un certain nombre de  situations  qui  mirent aux  prises celui-ci  avec  des  Juifs et des Chrétiens de son époque. L'évocation de ces situations et de ces évènements n'est pas envisageable  dans le cadre de  cette étude  qui se veut  succincte. Je tiens cependant à dire que  la position du Messager r  vis-à-vis des Juifs et des Chrétiens  n’était pas de nature raciste et  n'avait donc aucun   rapport avec l' identité ou l' appartenance ethnique de ces derniers. Le Prophète r avait  d'ailleurs  à  son  service  un  jeune garçon juif;  il commerçait  avec les Juifs – comme  le récit de Zayd bin Su،nah nous l'a montré – et quand il mourut,  son bouclier était alors  retenu en  gage chez un Juif [14]. Les rabbins assistaient aux  audiences qu'il  tenait. Le Juif  parlait alors  de ce  qu'il trouvait juste dans  la Torah   et  le Prophète r approuvait[15].


La position du Prophète r vis-à-vis des Juifs et des Chrétiens ne relevait pas non plus  des noms portés par leurs religions  parce que la  religion qu'introduisirent   Moïse et ensuite Jésus – que la paix soit sur eux – est en réalité  la même que celle apportée par Muhammad r au regard  des  fondements et des règles. Tous les Messagers – que la prière et le salut soient sur eux tous- sont en effet venus inviter leurs communautés respectives à reconnaître l’Unicité foncière  d’Allah et à obéir  au  Messager dépêché par Le Tout-Puissant en observant ses enseignements et ses injonctions. Cependant  les Juifs et les Chrétiens contemporains du Messager d’Allah r  étaient, pour la plupart d'entre eux,  en discordance flagrante avec ce que  les Prophètes et Messagers avaient apporté. En conséquence de quoi ils étaient conspués, leurs calomnies  étaient contredites et la spéciosité de leurs arguments  démasquée. Ils sont ainsi évoqués dans  Les Paroles du Tout-Puissant : [ Mais ils ont rompu leur alliance; Nous les avons maudits et Nous avons endurci leurs cœurs. Ils altèrent le sens des Paroles Révélées; ils oublient une  partie de ce qui leur a été rappelé. Tu ne cesseras pas de découvrir leur trahison- sauf chez un petit nombre d'entre eux – Oublie leurs fautes et pardonne. Allah aime ceux qui se comportent bellement. Parmi ceux qui disent : " Nous sommes Chrétiens, nous avons accepté  l'alliance ", certains ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. Nous avons suscité entre eux l'hostilité et la haine, jusqu'au Jour de la Résurrection – Allah leur montrera bientôt ce qu'ils ont fait - ] (Sourate La Table, Al Mâ’idah, 5 , Versets  13-14). Méditez cette Parole du Très-Haut : [(…) sauf chez un petit nombre d’entre eux (…) ]. En effet  le Verset ne  prend pas à partie  l'ensemble des  Chrétiens  mais  décrit et  définit  bien  ceux à qui il s'adresse.


Dans le Verset suivant, le Coran  les blâme en raison de leur position coupable par rapport  à la vérité et de leur volonté de détourner les gens de la Voie d'accès à cette vérité. Le Tout-Puissant  dit ainsi : [Dis :“Ô gens du Livre, pourquoi ne croyez-vous pas aux Versets  d’Allah alors qu' Allah est témoin de vos actions ?”Dis “Ô gens du Livre, pourquoi détournez-vous le croyant de la Voie d'Allah et voudriez-vous la rendre tortueuse, alors que vous êtes témoins?  Allah n’est nullement inattentif à ce que vous faites. "Ô vous qui croyez! Si vous obéissez à certains de ceux qui ont reçu le Livre les croyants ils vous rendront incrédules, alors que les Versets d'Allah vous sont récités, alors que Son Prophète est parmi vous ? Celui qui s'attache fortement à Allah sera dirigé sur la Voie droit ] (Sourate La Famille de cImrân, Âl cImrân, 3, Versets  98-101).


Malgré le comportement souvent injustifiable des adversaires, la droiture reste la marque  indélébile  de la  ligne de conduite que l'Islam enjoint d'observer  envers  tout opposant. Le Très-Haut dit ainsi  dans le Verset suivant : [ Certains, parmi les gens du Livre, te rendront le qintar que tu leur as confié D'autres ne te rendent le dinar que tu leur as confié que si tu les harcèles. Il en est ainsi parce qu'ils disent : Ces illettrés [soit : ces Arabes] n'ont aucun moyen de nous contraindre. Ils profèrent des mensonges contre Allah, alors qu'ils savent.] (Sourate La Famille de cImrân, Âl cImrân, 3, Verset 75). Le Tout-Puissant précise cependant:[Ils ne sont pas tous semblables. Il existe, parmi les gens du Livre, une communauté droite dont les membres récitent, durant la nuit, les Versets d'Allah. Ils se prosternent; ils croient en Allah et au Jour Dernier; ils prescrivent ce qui est convenable; ils proscrivent ce qui est blâmable; ils s'empressent de faire le bien; voilà ceux qui sont au nombre des justes. Quelque bien qu'ils accomplissent, il ne leur sera pas dénié car Allah connait ceux qui Le craignent] (Sourate La Famille de cImrân, Âl cImrân, 3, Versets 113-115).


Après ce formidable  périple  en compagnie des valeurs,  des modèles et des principes de l'Islam, nous ne  pouvons que  reconnaître notre incapacité à  cerner tout ce que contient cette Religion, car les éléments que nous n' avons  pas  abordés sont  bien   plus nombreux  que ceux  qui furent ici  exposés et que ce qui a été exposé est bien moindre que ce qui doit être mentionné. Malgré tout, comme le déclare  le professeur Muhammad ،Abd Allah  Dirâz dans la conclusion de son admirable  livre La religion :«Quand il se rend compte que l'Islam cerne  la  totalité de la connaissance,  le chercheur objectif  ne peut voir en  cela qu'un  nouveau signe  attestant que le glorieux  Coran  n'est pas l’illustration  de la psychologie  d’un individu, ni le  miroir de la mentalité d’un peuple ni le registre de l’histoire d’une   époque, mais qu'il est le Livre ouvert de l’humanité et la Source à laquelle elle s'abreuve. Quelque soit ainsi l’éloignement des pays et des époques, aussi nombreuses soient les races, les couleurs et les langues, quelque soit l'écart entre les imprégnations culturelles et les inclinations naturelles, tous ceux qui sont en quête de vérité trouvent dans l'Islam  une Voie  aplanie  qui  les  conduit  vers  Allah avec  discernement et sur la base  d'une  preuve évidente. Le Très-haut  dit : [Oui, Nous avons facilité la compréhension du  Coran  en vue du Rappel. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir ?] (Sourate La Lune, Al Qamar, 54, Verset 17) [16].

 

 



[1]  Jâmi، al bayân,  6/66.

[2]  Marc 7, 25-27.

[3]  Matthieu 7 : 6.

[4]  Matthieu 10 : 5-6.

[5] Un sâ، est une mesure qui  était utilisée,  et est encore parfois en usage, pour estimer le poids  de  diverses productions, comme le blé, le riz, la farine et les dattes et qui se situe entre  près de deux kilos et près de quatre ( selon la production ). En ce qui concerne les dattes,  le sâ، équivaut à plus  ou  moins  deux  kilos; son estimation   diffère  légèrement  selon les  variétés  de  dattes   (NdT).

[6]   Al ahâdîth  al mukhtârah, 9/446-448; Al mustadrak:, 3/700.

[7]  Voir Al musannaf de ،Abd al Razâq,  5/365, et Tafsîr al Qur’ân al ،Azîm,  1/401.

[8]    Allusion au Verset 80 de la Sourate 9, Le Repentir, At-Tawbah : [Demande pardon pour eux, ou ne demande pas pardon pour eux;  si tu demandes pardon pour eux soixante dix fois - Allah ne leur pardonnera pas parce qu’ils sont absolument incrédules envers Allah et Son Prophète. Allah ne dirige  pas les gens pervers] (NdT).

[9]  Sahîh Al  Bukhârî, Hadith  4394, 4/1715.

[10] Ibid., Hadith  1290, 1/455.

[11] Voir As-sunan al kubrâ , Al Bayhaqî,  9/118, Ibn Hajar juge ce Hadith  de bonne crédibilité  dans Fath al bârî,  8/18.

[12] Jâmi، al bayân,  28/66.

[13] Sahîh Al  Bukhârî, Hadith  2477, 2/924 et Sahîh Muslim, Hadith 1003, 2/696.

[14] Sahîh Al  Bukhârî, Hadith  1963, 2/729.

[15] Sahîh  Muslim, Hadith  2786, 4/2147.

[16] Ad-dîn,  p.172.

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